Les personnes habitant à 50 m voire moins des grandes routes encourent un risque accru de développer une démence par rapport à ceux qui y sont plus éloignés d’après une étude publiée dans The Lancet qui n’incluait pas moins de 6,6 millions de personnes. En effet, les chercheurs ont estimé qu’environ un cas de démences sur dix (7-11 %) parmi les personnes qui vivent 50 m à proximité des grands axes routiers pourrait être imputable au trafic. Cependant, aucun lien n’a été observé entre son exposition et d’autres maladies neurodégénératives comme Parkinson ou la sclérose en plaque.
| 05.01.2017
Apparemment, des recherches antérieures avaient déjà suggéré que la pollution atmosphérique et le bruit lié au trafic routier pouvaient contribuer à la dégénérescence neurologique. Certains travaux en particulier avaient montré que vivre près d’une route était associé avec une réduction de la matière blanche du cerveau et des capacités cognitives plus restreintes. Dans l’étude ici présente, les spécialistes ont suivi tous les adultes entre 20 et 85 ans habitant Ontario au Canada durant une dizaine d’années (de 2001 à 2012). Ils ont ensuite utilisé les codes postaux des participants pour déterminer à quelle distance des routes ils habitaient et les dossiers médicaux pour savoir s’ils développaient des démences, la maladie de Parkinson ou la SEP.
Plus de particules fines, moins de neurones ?
D’après les chiffres, 95 % des personnes vivent à moins d’1 kilomètre d’une route importante et la moitié à moins de 200 m. En tout, 243 000 individus ont souffert de démences au cours de l’étude, 31 500 ont développé Parkinson et 9 250 la sclérose en plaque. Si aucun lien n’a été constaté entre vivre à proximité des grandes routes et Parkinson ou la SEP, il existe une légère corrélation entre la survenue de démence et la proximité des axes routiers. Les analyses évoquent une hausse des risques de 7 % de souffrir de démences pour les personnes habitant à 50 m d’une route, de 4 % pour ceux qui vivent à une distance de 50 m à 100 m, et de 2 % pour ceux dont le domicile se situe entre 100 et 200 m. Ce n’est qu’au-delà de 200 m, qu’aucune augmentation des risques n’est observée. Cette analyse prenait en compte facteurs notamment le statut socio-économique, le niveau d’éducation, l’IMC ou le tabagisme, ainsi ils ne peuvent expliquer ce lien.
Poursuivant leurs recherches, les scientifiques ont remarqué que l’exposition à long terme à 2 polluants bien connu (le dioxyde de nitrogène et les particules fines) était associée à la survenue de démence. Toutefois, leurs effets n’expliquent pas entièrement les données, ce qui signifie que d’autres facteurs notamment d’autres polluants ou les nuisances sonores liées au trafic pourraient jouer un rôle. « La croissance démographique et l’urbanisation ont fait que beaucoup de personnes ont été installées près d’un trafic routier important, et avec une exposition à la circulation répandue et des taux de démence croissante, même un effet modeste de l’exposition à proximité des routes peut devenir un problème de santé public de grande ampleur », souligne le Dr Hong Chen, qui a dirigé les travaux. Petit bémol, l’étude a estimé l’exposition des habitants à la pollution en fonction des codes postaux, ce qui ne correspond pas à l’exposition réelle de chaque individu.
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