Conforme à une tradition de fin d’année, The American Journal of Psychiatry offre à ses lecteurs une sélection d’articles jugés « particulièrement intéressants et importants » dans l’année écoulée. Pour ce millésime 2016, les éditorialistes ont retenu 8 thèmes. Les quatre premiers sont présentés ci-dessous et les quatre autres, c’est pour demain !
Conséquences de la crise en Syrie
Triste actualité mondiale oblige, les conséquences humanitaires et psychiatriques de la « crise » (euphémisme pour « massacres ») en Syrie sont évoquées d’emblée. Et rien ne parle davantage que cette dramatique vignette clinique : un garçon Syrien de 14 ans vient en Grèce avec son père, après la mort de sa mère et de sa sœur dans des combats de rue ; « ridiculisé par ses camarades de classe pour son faible niveau scolaire », et alors que son père « stressé par le chômage » se trouve incapable de « gérer ses colères et sa dissociation », il sera pris en charge par une ONG. La détermination des praticiens «continuant à prodiguer les meilleurs soins possibles » dans ces conditions difficiles force « le respect et l’admiration » de l’auteur.
Mortalité accrue des femmes avec une maladie psychiatrique
Le second sujet est une étude de cohorte sur plus d’un million et demi de femmes (réalisée au Danemark par Benedicte Marie Winther Johannsen & coll.) et que nous avions évoquée en juillet 2016 (lien : Troubles psychiatriques du post-partum : des conséquences bien au delà). Cette recherche confirme que les femmes souffrant de troubles psychiatriques sévères au post-partum ont des taux de mortalité accrus, comparativement aux mères sans diagnostic psychiatrique, et que la première année après le diagnostic représente une période « particulièrement critique » pour le « risque élevé de suicide chez ce groupe vulnérable. »
L’intérêt d’un suivi prolongé
Le troisième thème évoqué concerne le suivi prolongé (durant 16 ans) des sujets avec une « personnalité borderline. » Une étude prospective réalisée aux États-Unis montre que ce trouble « est loin d’être désespéré » puisque 80 % des patients connaissent une rémission, et « seulement 10 % ont une récurrence. » Dévoilant l’image d’un « trouble complexe » avec certains traits « stables de moins de spécificité diagnostique et d’autres symptômes moins stables et souvent plus dramatiques, mais plus susceptibles de s’atténuer », cette recherche fournit une base pour « la planification, la conduite et l’évaluation d’un traitement. »
Vers un nouveau traitement ?
Quatrième thème : un essai thérapeutique évaluant l’efficacité éventuelle de la kétamine sur la dépression résistante. Si plusieurs travaux avaient déjà suggéré la possibilité d’un tel effet, cette nouvelle étude représente « l’une des premières tentatives d’utilisation de la kétamine pour des périodes plus longues, en comparant les schémas impliquant des doses répétées. » Les auteurs se sont efforcés de rechercher comment exploiter « en toute sécurité » cet effet (antidépresseur) de la kétamine, en vue d’un « bénéfice optimal » pour les patients.
À suivre.
Dr Alain Cohen
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