Avec la diminution du nombre des psychiatres à l’échelle mondiale, associée paradoxalement à une augmentation soutenue de la demande dans cette spécialité, le recours à la vidéoconférence s’impose de plus en plus comme une solution (ou un pis-aller, pour certains) permettant d’assurer une forme de « télémédecine », certes différente du classique « colloque singulier », mais permettant un minimum de suivi psychiatrique à distance. Un certain nombre d’essais cliniques randomisés (ECR) ont été réalisés à ce sujet.
Des chercheurs du Danemark et des Pays-Bas en proposent une méta-analyse pour apprécier la fiabilité de ces consultations psychiatriques à distance, « à la fois en matière d’évaluation et de traitement », comparativement à l’entretien traditionnel se déroulant en « face-à-face. »
Concernant 26 ECR incluant chacun un minimum de dix patients, cette méta-analyse porte sur un total de 1 585 patients et 765 évaluations. Elle ne retient pas des « formes spécifiques de psychothérapies », mais seulement une « approche psychiatrique générale » comprenant des conseils et « des techniques psychothérapeutiques non spécifiques comme l’écoute, la reformulation ou la clarification », et un volet éventuel de pharmacothérapie.De moins en moins d’obstacles techniques
Les auteurs vérifient la « non-infériorité des consultations psychiatriques à distance », aussi bien en termes d’évaluation que de traitement. Constat rassurant : il existe des «niveaux élevés de cohérence » entre l’évaluation psychiatrique habituelle et l’évaluation pratiquée à distance. Si l’efficacité des consultations de télépsychiatrie paraît analogue à celle de la consultation classique, la grande hétérogénéité des diagnostics concernés constitue « une limite de cette enquête » et impose d’autres recherches sur ce thème.
Quoi qu’il en soit, il est certain, comme le notaient déjà en 2006 les auteurs d’un Plaidoyer pour la naissance d’une télépsychiatrie française[1], que « la rareté de l’utilisation de la télémédecine psychiatrique repose sur des obstacles de plus en plus faiblement techniques ou de coût. Ils sont principalement culturels, déontologiques, juridiques, cliniques et idéologiques. »
Dr Alain Cohen
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