À six mois et demi de la présidentielle, la FHF dévoile un premier état des lieux du fonctionnement des hôpitaux vu à travers le prisme essentiellement des DRH et directeurs des affaires médicales. Ce baromètre a vocation à être pérennisé pour juger des évolutions au fil de l'eau. Il nourrira aussi la plateforme politique de la fédération.
À l'occasion ces 3 et 4 octobre des rencontres RH de la santé à La Baule (Loire-Atlantique), puis ce 5 octobre d'un point presse, la FHF a dévoilé les résultats de son premier baromètre consacré aux ressources humaines (RH, à télécharger ci-dessous).
Ce sondage, conduit avec le cabinet Obea, est amené à devenir régulier dans les années à venir. La première vague repose sur 274 répondants, tous directeurs, directeurs des ressources humaines (DRH) ou des affaires médicales (Dam) d'établissements publics de santé, sociaux et médico-sociaux, amenés à livrer leur ressenti en mai dernier. Soit un bon mois avant la création officielle des groupements hospitaliers de territoire (GHT). Un travail qui doit permettre d'enrichir la future plateforme politique de la fédération en vue de l'élection présidentielle de 2017 sur trois axes d'actions principaux : placer la santé et la sécurité des personnels au cœur du débat sur l'hôpital ; simplifier et lever les rigidités du statut de la fonction publique hospitalière ; mettre un terme à la contrainte budgétaire permanente, à la surréglementation normative et aux injonctions paradoxales.La précarité des non-médicaux s'accroît pour 44%
Que dit ce premier état des lieux RH de l'hôpital ? Si un peu plus de huit sondés sur dix jugent positif le climat social de leur établissement, ils anticipent pour autant une dégradation dans les mois à venir, à 52% s'agissant du personnel non médical (moitié moins pour les médecins, 26%). Autre constat guère reluisant, 36% des directeurs interrogés considèrent que les conditions d'exercice des agents se dégradent aujourd'hui, 23% s'agissant des praticiens. De fait, la part du personnel non médical en situation de précarité sociale s'accroît pour 44% des sondés (seuls 9% évoquent un repli). Et la moitié des répondants estime que l'insécurité (agressions verbales ou physiques) augmente pour les non-médecins, 21% pour les praticiens*. Côté salaires, l'application du protocole sur les parcours professionnels, les carrières et les rémunérations (PPCR) des fonctionnaires apparaît difficile pour 54% des directeurs, pour des raisons avant tout budgétaires.
Maîtrise et réduction des coûts, premier enjeu RH
Autre enseignement de ce baromètre, la priorité des DRH ou Dam s'avère être à l'heure actuelle et de loin (80% des sondés) la maîtrise de la masse salariale. Suivent ensuite dans une moindre mesure l'optimisation des organisations du travail (48%), l'absentéisme (39%), les GHT (35%) et le dialogue social (32%). Les conditions de travail, la gestion prévisionnelle des métiers et des compétences de même que celle des secondes parties de carrière ou encore la politique de rémunération arrivent très loin derrière (entre 18 et 3%). La maîtrise et la réduction des coûts est de fait vécue à 74% comme le premier enjeu de la fonction RH en sachant, et cela quasiment tous les répondants s'accordent à le dire (92%), que les contraintes économiques et budgétaires sont devenues le principal aiguillon des pratiques RH.
La renégociation des accords RTT divise
À côté de cela, trois directeurs sur quatre déclarent opérer des actions de prévention des risques psychosociaux (RPS) pour des mesures essentiellement correctives. En revanche, l'absentéisme ne fait l'objet d'aucune politique de prévention pour 46% des sondés. 56% n'entendent également pas renégocier les accords de réductions du temps de travail de 2002, 44% jugeant ce sujet non prioritaire et 29% attendant peu d'amélioration d'une telle opération potentiellement coûteuse socialement. Les plannings en 12 heures ont été mis en place par les deux tiers des répondants et parmi eux, seuls 16% constatent une dégradation de la santé des agents, 7% de la sécurité des soins. L'amélioration par ce type de planning horaire s'observe surtout sur l'organisation du travail (66%). Plus globalement, les difficultés qui remontent du baromètre ont également trait à l'engagement des professionnels : les trois quarts estiment ne pas avoir les cartes en main pour le reconnaître, la FHF plaidant par exemple instamment pour aligner la FPH sur les deux autres versants de la fonction publique en supprimant la notation.
79% n'ont pas mis en place le référentiel des urgences
Enfin, à noter que les trois quarts des directeurs interrogés par Obea admettent n'avoir pas défini de charte du temps de travail médical ni expérimenté le télétravail, ce qui concerne potentiellement avant tout les métiers administratifs. Quant à la refonte du temps de travail des internes, la réforme est complètement achevée pour 56% des sondés, partiellement pour 19%, tandis que 75% avouent ne pas avoir signé la charte d'accueil des internes. De même, l'arrêté du 8 novembre 2013 sur l'organisation et l'indemnisation de la continuité des soins et de la permanence pharmaceutique n'est appliqué complètement que par 36% des répondants. Et s'agissant du référentiel sur le temps de travail des urgentistes, 79% reconnaissent ne pas l'avoir mis en place et 64% n'ont aucune date prévisionnelle en tête.
* En revanche, 81% des directeurs interrogés déclarent ne pas être confrontés dans leur établissement à des atteintes au principe de la laïcité, 40% n'ont d'ailleurs mis aucune mesure particulière sur le sujet.
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