Intuitivement tous les praticiens font une relation entre la force physique de leurs patients et leur état de santé. Ce sentiment a été conforté par de nombreuses études épidémiologiques observationnelles qui ont mis en évidence une relation inverse entre certains paramètres simples comme la vitesse de marche ou la force de préhension et la morbi-mortalité.
Une équipe internationale a voulu aller plus loin en s'appuyant sur les données de l'étude PURE (Prospective Urban-Rural Epidemiology) conduites dans 17 pays de niveaux économiques et culturels variés (1).
Il leur a été ainsi possible de rechercher les corrélations éventuelles entre la force de préhension (mesurée à l'aide d'un dynamomètre Jamar) chez 139 691 sujets de 35 à 70 ans et la survenue de divers événements défavorables (décès, décès de causes cardiovasculaires (CV) ou non CV, infarctus du myocarde, accidents vasculaires cérébraux (AVC), diabète, cancer, pneumonie, hospitalisation pour pneumonie, BPCO, ou autres maladies respiratoires, blessures par chutes et fracture).Le suivi médian a été de 4 ans.
Une association entre faiblesse musculaire et mortalité
Il est tout d'abord apparu que la force de préhension était bien sûr supérieure chez l'homme et qu'elle était la plus basse dans les pays à faible revenu.
Après ajustement, une relation inverse a été mise en évidence quel que soit le niveau socio-économique des pays entre la force de préhension à l'entrée dans l'étude et la fréquence de beaucoup des événements défavorables analysés (à l'exception des cancers, des hospitalisations pour une affection respiratoire, des blessures par chute et des factures).
Dans le détail toute réduction de 5kg de la force de préhension s'accompagnait d'une augmentation de 16 % de la mortalité globale (intervalle de confiance à 95 % [IC95] entre 13 et 20 %; p<0 0="" 11="" 12="" 15="" 17="" 21="" 24="" 2="" 5="" 7="" 9="" :="" apparue="" association="" au="" aucun="" auteurs="" avc="" cancer.="" canisme="" celle="" cette="" corr="" cv="" dans="" de="" des="" directement="" du="" e="" elle="" est="" et="" expliquer="" font="" force="" fr="" hasard.="" hension="" il="" infarctus="" inverse="" l="" la="" les="" lev="" li="" m="" mais="" mortalit="" myocarde="" n="" non="" noter="" p="0,0001)." pays="" possible="" pouvant="" pr="" qu="" que="" quence="" revenu="" risque="" soit="" voquent="">0>
Marqueur plutôt que facteur de risque
L'ensemble de ces résultats suggèrent qu'une faible force musculaire est associée à la fois à une augmentation du risque de maladie cardiovasculaire et surtout à un accroissement de la létalité lorsqu'une telle affection se développe.
Cette étude observationnelle ne permet bien sûr pas de conclure à un lien de causalité entre mauvaise forme physique et risque CV en raison des facteurs de confusion (connus ou inconnus) subsistant malgré les ajustements réalisés car on ne peut exclure que la diminution de la force musculaire et la majoration du risque CV aient des étiologies communes (par exemple augmentation de la rigidité artérielle, dysfonction endothéliale...). Cependant une causalité inverse semble pouvoir être écartée au moins partiellement puisque la relation entre faible force de préhension et surmortalité CV persistait lorsque les sujets décédés dans les 6 mois de l'inclusion étaient exclus de l'analyse.
Si les mécanismes par lesquels une baisse de la force musculaire pourraient contribuer à une surmortalité CV et non CV ne peuvent être naturellement élucidés à partir de cette étude, il semble que l'on puisse considérer une diminution de la force de préhension comme un marqueur de risque CV (plus important dans ce travail que la pression artérielle systolique !) ou plus globalement comme un marqueur de vieillissement comme le suggère l'éditorialiste du Lancet (2). En pratique il reste à déterminer si des programmes visant à améliorer la forme physique pourraient contribuer à réduire le risque vasculaire...
Quant à ceux que ce travail laissera sceptiques ils feront remarquer que la force de préhension des femmes est en moyenne bien inférieure à celle des hommes et que pourtant elles sont bien moins souvent victimes de maladies CV qu'eux...
Dr Anastasia Roublev
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