Pour la prise en charge des dépressions, certains patients et certains praticiens préfèrent éviter les traitements anti-dépresseurs et se tournent vers les thérapies cognitivo-comportementales (TCC). Les professionnels la pratiquant sont toutefois peu nombreux et c’est peut-être pour cette raison que des programmes interactifs ont été développés sur internet, permettant aux patients de suivre leur thérapie par l’intermédiaire de leur ordinateur. Le National Institute of Health and Care Excellence (NICE) mentionne cette méthode dans le traitement de première ligne de la dépression. Certains programmes ont été développés par des sociétés commerciales et sont payants, d’autres ont été mis en place par le secteur public ou des instituts de recherche et sont gratuits.
TCC sur site gratuit ou payant
De précédents travaux ont montré une certaine efficacité de ces programmes, mais une forte propension à l’abandon en cours de thérapie. C’est pourquoi une équipe du Royaume Uni a décidé d’évaluer cette méthode en réalisant un essai randomisé incluant près de 700 patients présentant des symptômes de dépression. Ils étaient randomisés en 3 groupes. Les uns se voyaient proposer l’accès à un site payant proposant un programme de thérapie cognitivo-comportementale et étaient en parallèle suivis par leur médecin traitant habituel. Les autres étaient aussi pris en charge par leur médecin traitant, qui leur conseillait un site gratuit de prise en charge cognitivo-comportementale. Tous ces patients étaient encouragés à compléter le programme par un appel téléphonique hebdomadaire. Les derniers enfin formaient le groupe contrôle, suivis uniquement par leur médecin traitant, sans aucune contrainte sur les options de traitement.
Pas mieux que le médecin traitant
Contrairement à ce que suggéraient les précédents travaux, après 4 mois de traitement, il n’est pas constaté d’amélioration dans les scores de dépression pour les patients ayant accès aux sites de thérapie cognitivo-comportementale par rapport à ceux qui sont pris en charge uniquement par leur médecin traitant, que le site soit gratuit ou payant. Le même constat est fait à 12 mois et à 24 mois. Notons que ceci s’explique peut-être par le fait que l’adhésion au traitement par internet est faible et que dès la fin des 4ème mois, un patient sur 4 a déjà abandonné le programme.
Les auteurs estiment que l’efficacité de ce type de pratique doit être reconsidérée et comparée à celle des autres prises en charge non médicamenteuses de la dépression.
Dr Roseline Péluchon
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