Madame la Ministre,
Psychologue clinicien, je souhaiterais vous dire aujourd'hui toute l'urgence, toute la gravité de la situation que traverse ma profession. Cette lettre ouverte se veut informative. Je n'imagine pas une seule seconde que vous puissiez pleinement connaître ce que mes confrères et moi-même vivons chaque jour, témoins impuissants de l'avachissement du domaine médico-social en France, observateurs inquiets de la lente dégradation de nos conditions de travail, de ces sursauts comme autant de signaux, nos dernières tentations symboliques avant extinction.
Je parle d'urgence. Vous savez, celle-ci a un prix. Celui de l'affect, d'une sensibilité circonstancielle qui condamne le langage à n'être qu'une expression d'angoisse, un espace insignifiant où s'éteignent finalement les émotions comme les idées. Mais cela fait bien longtemps maintenant que nous avons dépassé ce stade, cela fait une éternité que les idées, que les émotions ont cédé la place à un désespoir résigné. J'ai attendu. Je vous ai attendue.
Lorsque j'ai voté pour François Hollande, je croyais de tout mon cœur qu'à défaut d'un changement (la naïveté clinicienne neutre et bienveillante a ses limites), surviendraient des mots, une définition de cet orage contemporain et pourquoi pas quelques actes, quelques mesures à objecter à la dévastation de ma profession. J'attendais une simple pensée, un raisonnement, un peu plus que du "rien". Que vous vous souveniez de notre existence.
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