Après une apparente baisse ces dix dernières années, la reprise de la consommation de benzodiazépines (BZP) par les Français se confirme. Dès son rapport publié en janvier 2012, l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS) alertait sur le fait qu’un Français sur 5 consommait au moins unebenzodiazépine (BZD). En 2010, les 134 millions de boîtes vendues représentaient 3,8 % de la consommation totale des médicaments.
Deux ans plus tard, alors que trois (sur 22) BZD ont subi des mesures drastiques, restrictions d’accès pour le clonazépam (suivies d’une diminution de 70 %), retrait du marché pour le tétrazépam (- 35 %) et leflunitrazépam, encore 131 millions de boîtes se sont vendues, soit 4 % de la consommation totale de médicaments.
La re-nommée agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) constate qu’en 2012, 11,5 millions de Français ont consommé au moins une fois une BZD (7 millions, un anxiolytique, 4,2 millions, un hypnotique et 0,3 million du clonazépam). Près d’un quart des consommateurs a recours à 2 BZD simultanément. Et 90 % des prescriptions proviennent des libéraux, en très grande majorité des généralistes.
Des consommateurs féminins et réguliers
Plus de 64 % des consommateurs de BZD sont des femmes en 2012 (contre 60 % en 2010). L’âge moyen est de 56 ans.
L’ANSM souligne la hausse du nombre d’utilisateurs de BZD hypnotiques réguliers (+ 4,8 % entre 2007 et 2012) et, plus globalement, le non-respect des durées d’utilisation. Malgré les délais courts (12 semaines pour les anxiolytiques, 4 pour les hypnotiques) indiqués dans les autorisations de mise sur le marché (AMM), le temps de prise annuelle des anxiolytiques est proche de 5 mois et celui des hypnotiques de 4 mois, avec plus de la moitié des consommateurs qui les avalent plus de trois mois consécutifs.
Autre chiffre jugé inquiétant : plus de 16 % des patients n’arrêtent pas leur traitement, et ce pendant environ 5 ans pour la moitié d’entre eux.
Risques non négligeables
L’ANSM rappelle que la prise de BZD expose à des risques connus, en particulier des affections du système nerveux (somnolence, coma, perte de consciences) ou psychiatriques (état confusionnel, agitation, désorientation...), voire (pour le tétrazépam) cutanées. Plus de 1 % des accidents de la route seraient imputables à ces médicaments.
L’agence insiste aussi sur le phénomène de tolérance qui conduit parfois les personnes à augmenter les doses pour ressentir l’effet recherché, et sur la dépendance qui peut entraîner un syndrome de sevrage lors de l’arrêt de la consommation.
Enfin, le lien entre BZD et la survenue de démences, déjà signalé en 2012, a été exploré sur les sujets de plus de 65 ans. Il doit désormais être complété par des études sur des populations plus jeunes. Mais dès aujourd’hui, l’ANSM demande un nouveau plan d’actions, accompagné d’une campagne de communication vers les professionnels de santé et le grand public pour faire prendre conscience que ces médicaments, par ailleurs nécessaires pour beaucoup de patients, ne sont pas anodins.
› COLINE GARRÉ
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