Les personnes traitées pour épilepsie peuvent-elles devenir plus facilement musiciennes ? Une étude surprenante suggère que l’apprentissage de la musique pourrait être facilité chez les sujets traités par le valproate. Le médicament semble induire au niveau du centre auditif la récupération du potentiel de plasticité tel qu’il existait dans la toute petite enfance.
Seule 0,01 % de la population possède l’« oreille absolue », une fonction qui fascine autant les musiciens que les neuroscientifiques et les psychologues. Les individus qui possèdent l’oreille absolue sont capables d’identifier une note de musique entendue isolément, avec un très faible pourcentage d’erreur.
Avant 7 ans
Cette aptitude, lorsqu’elle existe, s’acquiert pendant la toute petite enfance, pendant une période critique du développement sensoriel auditif avant l’âge de 7 ans.
Les recherches chez l’animal ont montré que les inhibiteurs de l’histone-désacétylase (HDAC, comme le valproate) permettent à des souris d’établir des références auditives fondées sur des perceptions qu’il leur est impossible d’acquérir une fois atteint l’âge adulte.
D’où l’idée d’un travail, réalisé par des équipes internationales (dont des chercheurs français du CNRS), de tester le valproate chez les humains. Il est publié dans « Frontiers in Systems Neuroscience ».
Un groupe d’hommes (n=24) en bonne santé, sans formation musicale préalable ont été inclus dans l’étude en double-aveugle contre placebo avec cross-over. Ils ont suivi un entraînement pour exercer leur oreille à reconnaître les notes et du valproate a été donné à certains (pendant une durée de deux semaines).
Un effet spécifique
Au total, ceux qui ont pris le médicament ont obtenu des résultats« significativement meilleurs » pour la reconnaissance des notes que ceux qui avaient pris le placebo.
Pour les auteurs, ce résultat n’est pas dû à une modification significative des fonctions cognitives en général, mais plutôt « à un effet spécifique sur une tâche sensorielle, qui est associée à une période critique ».
L’étude, selon eux, fournit une preuve de la validité du concept d’une possible restauration de la neuroplasticité cérébrale en utilisant un médicament et en s’appuyant sur un entraînement approprié.
› Dr BÉATRICE VUAILLE
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