Le drame est survenu le 31 décembre, lors du dîner de la Saint-Sylvestre. Un patient hospitalisé au sein de l’unité pour malades difficiles (UMD) deCadillac (Gironde) a frappé une infirmière avec une carafe en métal. La violence des coups a causé des blessures au visage, à la main. L’infirmière est arrêtée pour « trois mois au moins », selon un syndicaliste de l’hôpital psychiatrique.
Le personnel, réuni le 8 janvier en assemblée générale, fera grève le 14 janvier. Les moyens humains ne sont pas à la hauteur de l’enjeu, estiment les syndicats, qui rappellent que l’effectif infirmier a baissé au sein de l’UMD depuis l’été 2012. « En un an et demi, la prise en charge s’est progressivement dégradée, alerte Alain Martin, responsable de la section Force ouvrière. Nous organisons moins de sorties. Depuis 18 mois, il y a eu d’autres violences, pas à ce niveau c’est vrai, mais que le corps médical a banalisées. »
L’intersyndicale CFDT, CGT, FO et Sud demande le renforcement de l’effectif soignant, ainsi que le départ du chef de pôle de l’UMD. « Son management est contesté. Le dialogue est très difficile », expose AlainMartin (FO santé).
Un patient médicolégal à haut risque
Le Dr Hervé Gérard dirige l’UMD de Cadillac depuis une quinzaine d’années. Il prend acte de la revendication syndicale, sans la comprendre vraiment. « Je n’avais pas le sentiment que le dialogue était rompu. » La médiation engagée par la direction de l’hôpital permettra peut-être d’assainir le climat.
Pour « le Quotidien », le psychiatre revient sur les faits et le contexte.« Les patients en UMD sont tous plus ou moins difficiles et dangereux. Celui qui est passé à l’acte le 31 décembre est au sein du pôle depuis un an. Le personnel notait une amélioration jusqu’à un épisode violent d’agitation en octobre. Ce patient a alors été isolé pendant cinq semaines, avant d’être réintroduit progressivement en collectivité. Nous avons décidé de supprimer ses sorties thérapeutiques. Le patient est resté désorganisé ces dernières semaines. Peut-être son risque de passage à l’acte a-t-il été sous-estimé. » Car le patient en question, de 1,85 m et 110 kg, a déjà deux meurtres à son actif. Son agression l’a conduit dans une autre aile de l’UMD. À l’isolement, et sous médicaments renforcés.
La féminisation des équipes reste un atout
Si le Dr Gérard pouvait reprendre le film, que changerait-il ? « Peut-être aurait-il fallu transférer ce patient dans une unité plus contenante après l’épisode d’octobre. » Le chef de pôle insiste sur plusieurs facteurs, qui, à ses yeux, compliquent la prise en charge au sein de son UMD. La pénurie grandissante en infirmiers et psychiatres, les postes vacants. L’absence de vigiles (d’autres UMD sont dotées d’un service de vigiles). La contradiction entre l’impératif sécuritaire et les droits des patients, qui peuvent circuler plus librement que par le passé. Quid de la féminisation du staff ? « Nombre de crises ont été dénouées grâce à la présence d’infirmières. Je continue à penser que c’est une initiative importante », estime le chef de pôle.
Nicolas Sarkozy a doublé le nombre d’unités pour malades difficiles. La France en compte dix, au succès grandissant. L’UMD de Cadillac a reçu 150 demandes d’admission en 2013, dont un tiers seulement a pu être honoré.
› DELPHINE CHARDON
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