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mardi 7 novembre 2023

Manquements Education à la sexualité à l’école : un livre blanc pour lutter contre «l’inertie» française

par Virginie Ballet   publié le 6 novembre 2023

Dix associations regroupées en collectif rendent publiques ce lundi 6 novembre une série de recommandations pour faire appliquer la loi en matière d’éducation à la sexualité, demandant une unification des contenus scolaires.

Un nouveau coup de projecteur, si ce n’est un coup de pression. Une fois de plus, plusieurs associations spécialisées mettent en lumière les manquements français en matière d’éducation à la sexualité, dénonçant «l’inertie» des pouvoirs publics sur le sujet. Au sein d’un collectif, une dizaine de structures (Planning familial, Fédération nationale Solidarité femmes, Sidaction, Fédération nationale des centres d’information sur les droits des femmes et des familles, En avant toute(s)…) publient ce lundi 6 novembre un livre blanc, formulant une quarantaine de recommandations pour répondre à ce qu’elles qualifient de «défaillances» dans l’application de la loi.

Ainsi, si depuis 2001, tous les élèves du CP à la terminale sont censés suivre au moins trois séances par an, comme le prévoit le code de l’éducation, la réalité est tout autre, comme l’ont régulièrement pointé différentes instances ces dernières années. Dernière en date : l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche, qui estimait dans un rapport daté de 2021 que moins de 15 % des élèves du lycée et de la primaire avaient suivi ces séances, moins de 20 % au collège.

Pourtant, les enjeux sont «fondamentaux», qu’il s’agisse de lutter contre les violences sexistes et sexuelles, la prostitution des mineurs ou d’améliorer le repérage des enfants victimes de violences, relèvent les associations. Pour elles, il y a urgence. Elles en veulent pour preuve cette donnée du ministère de l’Intérieur : entre 2020 et 2021, les violences sexuelles ont bondi de 33 %, soit dix fois plus qu’entre 2019 et 2020. En réponse à cet accablant constat, les associations réclament une «politique publique réelle, consistante et structurée» et insistent sur la «nécessité d’élaborer un plan national pluriannuel, décliné en une stratégie nationale», chapeautée par un comité dédié au niveau national, et sous l’égide d’un référent dans chaque académie.

Réforme annoncée

Pour unifier les contenus, le collectif à l’origine de ce livre blanc exhorte aussi à l’élaboration d’un manuel dédié, «permettant d’unifier les séances», en lien avec le Conseil supérieur des programmes et adapté selon les âges. Cette préconisation rejoint une promesse faite par l’ex-ministre de l’Education nationale Pap Ndiaye, qui a annoncé en juin une réforme de l’éducation à la vie affective et sexuelle, et avait chargé le conseil de formuler des propositions d’ici la fin de l’année.

Dans un entretien accordé à Libération vendredi, la ministre chargée de l’Egalité et de la lutte contre les discriminations, Bérangère Couillard, disait la détermination du gouvernement à enfin faire appliquer la loi à travers cette réforme, estimant que si cela n’avait pas été le cas jusque-là, c’était notamment en raison d’un manque d’uniformité sur le territoire. «Le Conseil des programmes fera des propositions au ministre de l’Education, d’ici décembre. Le personnel éducatif sera formé. Et les associations, bien sûr, pourront continuer à intervenir sur des sujets précis», promettait la ministre.

«Histoire des acquis féministes»

Dans leur plaidoyer, les associations vont plus loin et appellent à ce que les programmes accordent «une place accrue aux femmes et aux questions de genre, par exemple en abordant l’histoire des acquis féministes, ou les avancées scientifiques révélées par des femmes». Elles encouragent par ailleurs le corps enseignant à user de méthodes pédagogiques visant à lutter contre les stéréotypes de genre, estimant que l’éducation à la sexualité doit aussi se traduire «de façon transversale et continue dans le contenu, dans les méthodes d’enseignement et le comportement des personnels».

Constatant la propension de la jeune génération à se tourner vers des ressources sur Internet, le collectif appelle à mettre à disposition, dans les établissements scolaires et sur les plateformes d’apprentissage en ligne, des ressources utiles et fiables telles que les coordonnées d’associations. Enfin, les auteurs de ce livre blanc jugent nécessaire d’inventorier les moyens dédiés à l’éducation à l’égalité, dans un premier temps, et de les accroître, notamment pour recruter des infirmiers et infirmières scolaires, «en première ligne».


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