Vous souvenez-vous de la première fois où, enfant, vous avez eu le droit de sortir de la maison tout seul ? Pour faire une course, un trajet vers l’école ? Il y a quelque temps, j’avais posé cette question aux quatre personnes que j’avais interviewées pour un article sur la place des enfants dans la ville. Le sociologue Clément Rivière m’a parlé de la fierté qu’il a ressentie lorsque ses parents lui ont confié une clé de la maison ; Anne-Marie Rodenas, qui a fondé le Cafézoïde, à Paris, allait à l’école toute seule en CP ; le philosophe Thierry Paquot sortait jouer dans les rues d’Issy-Plaine à 6 ans ; le psychanalyste Serge Tisseron a commencé par l’épicerie du rez-de-chaussée de son immeuble.
Moi, je ne me souviens pas clairement de ma « première fois ». J’ai grandi à Paris. Je sais que je rentrais seule de l’école pour déjeuner à la maison, sans doute en CE2. Il y avait une petite rue, puis une grande avenue à traverser. Je n’ai pas souvenir d’avoir eu peur, mais je me rappelle très bien de ce trajet, qui me semblait long, comme une sorte d’aventure quotidienne. Il y a deux ans, j’ai regardé dans mon appli GPS ce qu’il en était réellement : 250 mètres, quatre minutes à pied. Soit une minute de plus que le temps nécessaire pour aller de chez nous à l’école de mes enfants (230 mètres, trois minutes). J’ai regardé parce que ma fille aînée, alors en CP, voulait aller à l’école seule – ce qu’elle a fait, un peu plus tard.
Ces questions sont évidemment l’objet de conversations interminables avec nos amis parents : quel est le bon âge ? Quels sont les risques réels ? Et vous, vous faites comment ? On le sait, la tendance n’est pas franchement à l’autonomisation des marmots. Je vous redonne ce chiffre : en France, dans les agglomérations de plus de 100 000 habitants, 97 % des élèves d’élémentaire sont accompagnés pour se rendre à l’école, 77 % de ceux du collège, selon un sondage Harris Interactive pour l’Unicef réalisé en 2020.
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