par Katia Dansoko Touré publié le 13 juillet 2023
Le chiffre est dans (presque) toutes les gazettes : 43% des jeunes de 15 à 24 ans n’ont pas eu de relation sexuelle en 2022, selon l’Ifop. Toujours selon l’institut de sondages, il était pratiquement le même en 2021 avec 44% de jeunes abstinents. Il y a dix ans, soit en 2002, ce taux n’était que de 25%. Que s’est-il passé ? Selon l’Ifop, la médiatisation des diverses orientations et pratiques sexuelles (comme l’asexualité), une conscientisation des notions de consentement (surtout chez les femmes), l’explosion des plateformes de streaming comme Netflix, ou encore la lassitude engendrée par trop de dates (rencards), sont d’autant de facteurs qui expliqueraient ce chiffre, issu d’un baromètre établi pour le Sidaction depuis huit ans.
«On ne peut pas parler d’effondrement de l’activité sexuelle»
«Le dernier chiffre de 2022 montre que 43% des jeunes de 15-24 ans n’ont eu aucuns partenaires au cours des douze derniers mois, contre 42% en 2015. Au regard de ce baromètre, on ne peut pas parler d’effondrement de l’activité sexuelle des jeunes. Pour cela, il faudrait étudier plutôt la fréquence de l’activité sexuelle au cours du mois ayant précédé l’enquête, des données que nous n’avons pas encore», prévient François Kraus, responsable du pôle genre et sexualité au sein de l’Ifop.
Ludi Demol Defe, chercheuse doctorante en sciences de l’information et de la communication à Paris-VIII et spécialiste des usages pornographiques chez les jeunes, est elle sceptique sur les chiffres avancés dans cette étude : «Certes, les jeunes sont plus libérés des injonctions à la conjugalité et /ou à la sexualité. MeToo a participé à restructurer la vision des relations à l’autre. Sans parler du confinement de 2020 et de la percée des contenus féministes dans la société, estime-t-elle. Mais qu’entend-on par “relation sexuelle” à l’aune où les questions du consentement et de la pénétration sont repensées ?» «Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de pénétration qu’il n’y a pas rapport sexuel. De plus, la conception de ce qu’est un partenaire a aussi changé», poursuit-elle.
Du porno consommé plus jeune mais moins longtemps
Le 6 juillet, l’institut d’études publiait une autre étude, réalisée pour le compte du site d’information tech 01.net, et qui portait, cette fois, sur «Les Français(es) et la pornographie à l’heure de la restriction des conditions d’accès aux sites X» (1). Chiffres marquants : entre 2013 et 2023, la proportion de jeunes ayant consulté un site X entre l’âge de 8 à 12 ans est passée de 11 à 27% et de 19 à 17% entre 13 et 14 ans. Chez les hommes, on passe de 12% en 2013 à 35% en 2023 entre 8 et 12 ans contre 9 à 19% chez les jeunes femmes. Quant à la tranche d’âge 13-14 ans, elle est en légère baisse : de 19 à 17% chez les hommes et de 17 à 10% chez les filles. En résumé, les ados et préados regardent du porno de plus en plus tôt.
«On ne peut pas parler d’effondrement de l’activité sexuelle»
«Le dernier chiffre de 2022 montre que 43% des jeunes de 15-24 ans n’ont eu aucuns partenaires au cours des douze derniers mois, contre 42% en 2015. Au regard de ce baromètre, on ne peut pas parler d’effondrement de l’activité sexuelle des jeunes. Pour cela, il faudrait étudier plutôt la fréquence de l’activité sexuelle au cours du mois ayant précédé l’enquête, des données que nous n’avons pas encore», prévient François Kraus, responsable du pôle genre et sexualité au sein de l’Ifop.
Ludi Demol Defe, chercheuse doctorante en sciences de l’information et de la communication à Paris-VIII et spécialiste des usages pornographiques chez les jeunes, est elle sceptique sur les chiffres avancés dans cette étude : «Certes, les jeunes sont plus libérés des injonctions à la conjugalité et /ou à la sexualité. MeToo a participé à restructurer la vision des relations à l’autre. Sans parler du confinement de 2020 et de la percée des contenus féministes dans la société, estime-t-elle. Mais qu’entend-on par “relation sexuelle” à l’aune où les questions du consentement et de la pénétration sont repensées ?» «Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de pénétration qu’il n’y a pas rapport sexuel. De plus, la conception de ce qu’est un partenaire a aussi changé», poursuit-elle.
Du porno consommé plus jeune mais moins longtemps
Le 6 juillet, l’institut d’études publiait une autre étude, réalisée pour le compte du site d’information tech 01.net, et qui portait, cette fois, sur «Les Français(es) et la pornographie à l’heure de la restriction des conditions d’accès aux sites X» (1). Chiffres marquants : entre 2013 et 2023, la proportion de jeunes ayant consulté un site X entre l’âge de 8 à 12 ans est passée de 11 à 27% et de 19 à 17% entre 13 et 14 ans. Chez les hommes, on passe de 12% en 2013 à 35% en 2023 entre 8 et 12 ans contre 9 à 19% chez les jeunes femmes. Quant à la tranche d’âge 13-14 ans, elle est en légère baisse : de 19 à 17% chez les hommes et de 17 à 10% chez les filles. En résumé, les ados et préados regardent du porno de plus en plus tôt.
Ludi Demol Defe s’interroge encore : «Quand on constate que les 8-12 ans consomment plus de pornographie, il faut se poser la question du taux d’équipement. Pour aller sur un site porno, il faut un appareil à soi comme un smartphone mais aussi un endroit où l’on peut le faire sans être dérangé. Quand on dort dans la même chambre que son frère ou sa sœur, on n’a pas les mêmes possibilités.» Pour la chercheuse, «il convient de se pencher sur l’étude de l’Arcom qui a surtout démontré que si les jeunes sont plus nombreux à consulter des sites pornographiques, ils y passent beaucoup moins de temps», cite-t-elle. Et d’assurer : «Plus on multiplie les discours alarmistes sur la pornographie et les jeunes, plus ces derniers vont chercher à se faire une idée. Et cela, même s’ils ont déjà un avis sur ce qu’est la pornographie avant d’en voir. Ils savent que ce n’est pas la vraie vie».
(1) Menée du 5 au 11 avril dernier, auprès de 2006 personnes âgées de 18 ans et plus (et dont 1664 personnes âgées de 18 à 69 ans).
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