blogspot counter

Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

lundi 31 juillet 2023

Craindre les conséquences défavorables de la dépression et des antidépresseurs au cours de la grossesse

Publié le 13/07/2023

Publiant une étude de cohorte rétrospective dans l’Asian Journal of Psychiatry, une équipe de Taïwan rappelle que la dépression est fréquente pendant la grossesse, mais que les antidépresseurs souvent prescrits alors augmentent le risque de complications pour l’enfant.

Basée sur des données de l’assurance maladie nationale de Taïwan, cette étude porte sur un total de 1 836 373 naissances issues de 1 289 364

mères (soit une moyenne de 1,42 enfant par femme). Les femmes enceintes ont été divisées en trois groupes : celles à la fois non déprimées et non exposées aux antidépresseurs, les femmes déprimées mais non traitées par antidépresseurs (n = 2 006) et celles à la fois déprimées et traitées par antidépresseurs (n = 7 857). L’exposition aux antidépresseurs a été analysée en fonction du temps (avant la fécondation ou pendant chaque trimestre de grossesse).

Peser les bénéfices/risques…

Cette étude confirme l’association entre dépression maternelle et conséquence péjorative pour l’enfant, puisque par rapport aux mères non déprimées, les enfants de mères déprimées mais non traitées par antidépresseurs présentent des risques accrus de retard intra-utérin de croissance et de prématurité. Et chez les mères déprimées, l’exposition aux antidépresseurs avant la grossesse ou pendant le premier trimestre s’accompagne de risques accrus de diabète gestationnel, de présentation anormale du bébé à l’accouchement, de naissance prématurée et d’anomalies cardiovasculaires, comparativement à l’absence d’exposition aux antidépresseurs. Mais ces possibles effets indésirables des traitements antidépresseurs chez la femme enceinte ne se résument pas aux périodes précédant la conception ou au premier trimestre de grossesse car, observent les auteurs, « une exposition aux antidépresseurs au cours du deuxième ou du troisième trimestre confère des risques accrus d’anémie, de score d’Apgar faible, d’accouchement prématuré et de malformations génito-urinaires. 

Constatation positive toutefois : les antidépresseurs administrés avant la grossesse et pendant tous les trimestres n’augmentent pas le risque de mortinatalité. En conclusion, eu égard à la possibilité de complications néonatales et de la grossesse, les auteurs conseillent aux médecins d’examiner attentivement les risques et les avantages pour la mère et le fœtus avant de prescrire un traitement antidépresseur chez une femme enceinte (ou susceptible de l’être prochainement).

Dr Alain Cohen

RÉFÉRENCE
Jian-An Su et coll.: Neonatal and pregnancy complications following maternal depression or antidepressant exposure: A population-based, retrospective birth cohort study. Asian Journal of Psychiatry; 2023 vol 84(06): doi.org/10.1016/j.ajp.2023.103545


Aucun commentaire: