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La Culture
PAR BÉNÉDICTE GATTÈRE 03 AVRIL 2022
Tosquelles, Jean Oury, Bonnafé : les noms associés à Saint-Alban sont ceux des héritages d’une certaine idée de la psychiatrie en France. Le lieu fut celui, foisonnant, d’un renouvellement du soin en santé mentale pendant la Seconde Guerre mondiale et durant les années d’après-guerre.
Des images pour se souvenir
À voir défiler ces Heures Heureuses, le spectateur pourrait être en proie à une certaine forme de nostalgie. Alors que les processus de normalisation et de rationalisation de la psychiatrie laissent de moins en moins de place aux alternatives, Saint-Alban apparaît encore comme une éclaircie de trop courte durée. Des photographies irradiées d’une beauté surréaliste des débuts aux films couleur des années 1980 en passant par le noir et blanc tremblotant du Super 8, toutes ces images se veulent témoins d’une époque disparue.
Néanmoins, la vie qui en déborde possède le pouvoir de réactualiser une humanité résistante. Au-delà du mythe, en nous rendant témoins de la naissance de la psychothérapie institutionnelle, elles nous font héritiers et héritières d’une certaine histoire, pour peu que l’on veuille bien la faire sienne. Le film, présenté une première fois à l’occasion des Assises citoyennes du soin psychique début mars 2022, fait résonner cette période de réinvention des pratiques de soin avec l’actualité de la santé mentale en France. Il permet de se ressaisir pleinement de l’idée d’une humanité partagée au-delà, à la fois de l’altérité la plus radicale, et d’une altération – des liens et du Soi – parfois irréversible.
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