par Estelle Aubin et AFP publié le 4 avril 2022
Le dispositif était attendu depuis plusieurs mois, réclamé à l’unisson par les psychologues. En septembre 2021, Emmanuel Macron l’avait fièrement annoncé, il entre en vigueur ce mardi. Tous les Français, de tous âges, pourront se faire rembourser huit séances par an chez un psychologue partenaire de l’opération gouvernementale.
L’exécutif avait mis en place en février 2021 un «chèque psy» pour les étudiants, complété mi-avril 2021 par «un forfait 100 % psy enfant» en faveur des 3-17 ans. Son objectif : éviter que les troubles anxieux ne succèdent à la crise sanitaire, ayant eu des effets délétères sur la santé mentale des Français. Car, pour l’heure, la prise en charge psychologique reste marginale. Seule une personne en dépression sur trois est suivie par un professionnel de santé, à en croire un sondage de septembre 2021 dévoilé par l’Union nationale de familles ou amis de personnes malades et /ou handicapées psychiques (Unafam) et la Fondation Pierre-Deniker.
Concrètement, c’est quoi ?
Tous les Français âgés de plus de 3 ans pourront obtenir le remboursement par la Sécurité sociale de huit séances chez le psychologue. Pour en bénéficier, plusieurs conditions sont néanmoins à remplir. Le patient devra d’abord passer par la case médecin et demander à son généraliste une prescription médicale. Ensuite, il devra obligatoirement consulter un psychologue référencé sur le site MonPsy. Ils sont, à la veille du lancement, plus de 1 300 praticiens candidats à une inscription sur ladite plateforme, se réjouit l’entourage du ministre de la Santé, Olivier Véran. Une fois «l’orientation du médecin» reçue, le patient pourra bénéficier d’un d’entretien d’évaluation avec son psychologue, puis de sept séances par an. Toutes défrayées par l’Assurance maladie.
Qui pourra en bénéficier ?
Le dispositif s’adresse aux Français souffrant de troubles dépressifs et anxieux d’intensité «légère à modérée», détaille la plateforme MonPsy. Le site d’Ameli précise que les enfants et adolescents concernés doivent être «en situation de mal-être ou souffrance psychique d’intensité légère à modérée, pouvant susciter l’inquiétude de l’entourage (famille, milieu scolaire, médecin, etc.)». Côté adultes de plus de 18 ans, les patients doivent être «en souffrance psychique présentant un trouble anxieux d’intensité légère à modérée ; un trouble dépressif d’intensité légère à modérée ; un mésusage de tabac, d’alcool et /ou de cannabis (hors dépendance) ; un trouble du comportement alimentaire sans critères de gravité.»
Pour les personnes en proie à des pensées «suicidaires» ou à des troubles «plus sévères», le ministère de la Santé précise que le patient sera «orienté vers des soins plus spécialisés». Au total, le ministère envisage la prise en charge d’environ 200 000 individus.
Pour financer le dispositif, il met cette année sur la table une enveloppe de 50 millions d’euros. «La pandémie a révélé l’importance du sujet de la santé mentale. Vos professions méritent la considération», avait déclaré en septembre le chef de l’Etat au terme des Assises de la santé mentale et de la psychiatrie.
A combien s’élèvera le remboursement ?
La première séance sera remboursée à hauteur de 40 euros et les suivantes à hauteur de 30 euros. Olivier Véran affirme que le calcul des remboursements a tenu compte de la durée moyenne d’une séance, estimée à «environ quarante minutes». La Sécurité sociale prend en charge 60 % des frais et la complémentaire santé 40 %.
Une mesure jugée efficace ?
Nombreux psychologues jugent le dispositif insuffisant. Le 29 mars, plus de 2 000 thérapeutes – chiffre estimé par le collectif de psychologues – ont signé une tribune dans le Monde, appelant au boycott de la plate-forme «MonPsy», considérée comme de «la poudre aux yeux». Ils estiment par ailleurs que le dispositif exclut les troubles psychologiques les plus graves.
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