par Marlène Thomas et AFP publié le 3 novembre 2021
Accompagnant ce mouvement annuel en faveur de l’égalité salariale, une étude réalisée par l’Institut du genre en géopolitique dresse un état des lieux plus global des inégalités professionnelles. Alors que la pandémie a, sans contestation possible, accentué les inégalités hommes-femmes, le think tank note qu’en 2020, les femmes constituent 70% des travailleurs et travailleuses pauvres, 83% des temps partiels et 62% des emplois non qualifiés.
L’occasion de rappeler que la dernière enquête réalisée par l’Insee en 2017 montrait qu’à bac +3 ou plus, l’écart salarial entre hommes et femmes plafonnait à 29,4% en France. «En outre, l’écart de salaire femmes-hommes qui ne s’explique ni par le volume horaire, ni par les différences de fonctions s’établit entre 5% et 7%», est-il précisé. Les conséquences économiques directes de la pandémie sur les salaires ont elles aussi été démontrées de manière flagrante par l’enquête Coconel (Coronavirus et confinement : enquête longitudinale) menée par l’Ined en juillet 2020 : «41% des femmes de moins de 65 ans déclarent que leurs revenus ont diminué depuis le début du confinement».
Des initiatives politiques timides ou incomplètes
Index de l’égalité professionnelle contesté, Convention 190 sur la violence et harcèlement de l’Organisation internationale du travail pas encore transcrite dans le droit français… l’Institut tranche : «Les initiatives politiques relatives à l’égalité professionnelle restent timides, voire incomplètes.» Quant aux 100 milliards d’euros d’investissement pour relancer l’emploi, le mot «femme» n’y est pas une seule fois mentionné. Un plan de relance quasi sourd aux creusements des inégalités femmes-hommes. «Il cible les industries où les femmes sont minoritaires sans prévoir de campagne de reconversion pour celles-ci vers les filières d’avenir.»
Dans les métiers du numérique et de la transition écologique, les femmes «ne représentent respectivement que 30% et 20-25% des employé.e.s de ces secteurs, et occupent principalement les missions dites “de support” relevant des ressources humaines, de l’administration et de la communication», indique l’étude. L’égalité femmes-hommes comme grande cause du quinquennat se trouve d’autant plus fragilisée «que les différents projets de réformes relatifs au chômage ou à la retraite sont imperméables aux réalités spécifiques au genre – plaçant les femmes retraitées et les mères en situation de précarité dans une position financière encore plus fragile».
Des propositions pour 2022
A l’amorce de la campagne présidentielle, les militantes féministes comptent bien interpeller les candidats. «Rappelons que l’objectif des candidat.es est de défendre et proposer un projet de société qui réponde aux défis concrets de notre société pour que l’on tende vers plus de justice et d’égalité», insiste le communiqué. Les Glorieuses demandent que l’accès des entreprises aux subventions et marchés publics soit conditionné au respect de l’égalité salariale ; une revalorisation des salaires dans les métiers où les femmes sont les plus nombreuses, par exemple les infirmières, sages-femmes ou enseignante ; mais aussi la mise en place d’un congé paternité équivalent au congé maternité. Le 1er juillet, ce congé est passé de quatorze à vingt-huit jours alors que le rapport sur les mille premiers jours de la vie de l’enfant, qui a impulsé cette réforme, préconisait un allongement à neuf semaines. Rebecca Amsellem conclut dans le communiqué : «Oui, l’égalité coûte de l’argent, il en va de même pour sauver l’industrie aéronautique. Et c’est un choix que le gouvernement est en mesure de faire pour ses citoyens et citoyennes.»
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