Par Sylvie Riou-Milliot le 08.11.2021
Une passionnante exposition autour de l'exil, la création artistique et la psychiatrie est visible aux Abattoirs de Toulouse à travers le parcours original d'un psychiatre catalan, le Dr François Tosquelles (1912-1994). Réfugié en France au moment de la victoire du franquisme, il sera un psychiatre visionnaire et humaniste qui ne cessera de transformer l'institution psychiatrique de l'intérieur. .
François Tosquelles dans un parc pour enfants, dans le jardin des Bonnafé à l'hôpital de Saint-Alban. Auteur : Romain Vigouroux, photo non datée, photographie, 5,3 x 7,7 cm, collection Famille Ou-Rabah - Tosquelles ; Reproduction photographique
Vous êtes passionné par la psychiatrie et son histoire, la politique et aussi l’art brut ? Vite, cap sur Toulouse : une très belle exposition vous attend aux anciens abattoirs de la ville, une institution inédite née de la fusion du Musée d'art contemporain de la ville rose et du Fonds Régional d'Art Contemporain.
"Moi la psychiatrie, je l’appelle la déconniatrie"
Démarré en 2018, ce projet de Joana Masó, professeure chercheuse à l’Université de Barcelone, et Carles Guerra, commissaire indépendant, donne aujourd'hui l'occasion unique aux visiteurs d’évoquer un pan d’histoire méconnue qui a pourtant fait date dans la psychiatrie du 20e siècle. Intitulée "La Déconniatrie. Art, exil et psychiatrie autour de François Tosquelles", cette exposition retrace l’incroyable trajectoire d’un psychiatre catalan (1912-1994), pionnier et visionnaire, qui a participé très activement à la transformation des institutions psychiatriques et à qui l’on doit l’organisation dite sectorisée de la psychiatrie, toujours valable aujourd’hui.
"Ce qui caractérise la psychanalyse, c’est qu’il faut l’inventer, dira-t-il en 1989. L’individu ne se rappelle de rien. On l’autorise à déconner. On lui dit : ‘Déconne, déconne mon petit ! ça s’appelle associer. Ici, personne ne te juge, tu peux déconner à ton aise’. Moi la psychiatrie, je l’appelle la déconniatrie. Mais pendant que le patient déconne, qu’est-ce que je fais ? Dans le silence ou en intervenant - mais surtout dans le silence -, je déconne à mon tour".
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