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SOCIÉTÉ INTERNATIONALE D'HISTOIRE
DE LA PSYCHIATRIE ET DE LA PSYCHANALYSE
Chers amis
La SIHPP, société savante, ne saurait rester à l’écart des débats qui traversent le monde universitaire et intellectuel français, en particulier quand la liberté d'enseignement et de recherche devient un enjeu.
D’où les deux interventions que vous trouverez ci-dessous :
- un éditorial d’Elisabeth Roudinesco,
- une déclaration de Jean-Claude Monod
Bien à vous
Henri Roudier, secrétaire de la SIHPP
Or jamais, depuis la Libération, un gouvernement, de droite ou de gauche, n’a eu l’idée saugrenue de créer un comité de vigilance idéologique dédié à une surveillance du contenu des enseignements et, pourquoi pas, à la mise à l’écart de chercheurs ou d’enseignants. Appelons un chat un chat : il s’agirait là d’un comité de délation. Formé par qui ? Elu comment ? Désigné par quelle instance ?
Affirmer une telle liberté n’empêche pas d’approuver les mesures prises par le gouvernement dans sa lutte contre le jihadisme, et notamment la dissolution des mouvements extrémistes qui, par des appels au meurtre et à la haine, veulent détruire nos libertés fondamentales : liberté d’écrire et de penser, liberté des mœurs, liberté de la presse, liberté de pratiquer une religion ou de ne plus la pratiquer, liberté de blasphémer.
Déclaration de Jean-Claude Monod
Hallucinante tribune qui en appelle à la création d'une instance de contrôle de l'Université et de la recherche contre lesdits "islamo-gauchistes" en son sein, qu'il faudrait donc "détecter", dénoncer et, j'imagine, blâmer, sanctionner, bannir ou renvoyer de l'Université? A vrai dire on ne sait pas si ce sont les chercheurs et enseignants qui seraient concernés par cette instance de détection, ou bien les étudiants et les "groupes minoritaires" (syndicats étudiants? associations?) qui essayeraient de faire pression sur les enseignants.
Ce flou est révélateur de la confusion de cet appel.
Quand on connaît l'extension que nombre de signataires donnent à l'appellation fourre-tout d'"islamo-gauchisme" (pour ne rien dire de la "doxa antioccidentale"),- ils ont eu la pudeur d'attendre pour en publier la liste nominative -, on peut estimer qu'on aura rarement vu un tel appel à l'abandon du principe de la liberté de la recherche. Que cela se fasse au nom de la défense des libertés académiques et de la liberté d'expression est un sommet de contradiction performative. Que quelques amis et des personnes que j'estime aient signé cet appel m'afflige. La nécessaire lutte contre l'islamisme et le jihadisme passe certainement par des mesures de lutte contre la haine en ligne, par des blocages et des sanctions immédiates contre les campagnes publiques visant des personnes accusées d'avoir insulté le Prophète, par la fermeture des organes de propagande, etc. Mais elle ne saurait passer par l'instauration d'un nouveau maccarthysme à l'Université.
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