Pau, le samedi 7 novembre 2020 - L'audience qui s'est tenue le 8 octobre dernier au Tribunal correctionnel de Pau est avant tout le récit d'un terrible drame humain. Devant les juges, une anesthésiste poursuivie pour le délit d'homicide involontaire. Les faits sont glaçants. Il est reprochée à la prévenue de s'être présentée ivre au moment d'assister à une césarienne sous anesthésie générale. Au moment où le médecin se charge de recoudre la patiente après l'opération, celle-ci manifeste des signes de réveil et parvient à s'extuber de force.
L'anesthésiste aurait alors tardé. Dans son ordonnance de renvoi, le juge d'instruction décrit à partir des récits des témoins « une anesthésiste incapable de donner des directives, tournant en boucle sur le dysfonctionnement du respirateur au lieu de s'occuper de la patiente ».
Refusant la ventilation mécanique au profit d'un ballon manuel, l'anesthésiste choisit en définitive de réintuber la patiente. Mais la sonde installée par la prévenue était mal positionnée de sorte que les gaz n'étaient pas envoyés dans la trachée mais dans l'œsophage. La patiente décédera d'un arrêt cardiaque quelques minutes plus tard. L'enquête révélera que l'anesthésiste avait au moment des faits une consommation régulière d'alcool d'une bouteille de vodka par jour. Elle reconnaîtra lors des débats être « incapable de se rendre au bloc opératoire sans avoir bu ». Trois ans de prison ont été requis par le Procureur dans cette affaire qui met en lumière une question épineuse : jusqu'où le médecin peut-il continuer à exercer sous emprise ? Une question malheureusement loin d'être anodine. En 2018, une étude menée par l'Université d'Anvers auprès de 1 500 médecins avait révélé que 18 % d'entre eux avaient une consommation d'alcool « problématique ». Les plus touchés étant les gynécologues, les psychiatres, les chirurgiens et... les spécialistes.
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