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lundi 7 septembre 2020

«L’anti-esclavagisme est à la racine de la pensée féministe»

Par Cécile Daumas — 


Simone de Beauvoir, en 1971.
Simone de Beauvoir, en 1971. Photo Pierre Blouzard. 
Gamma-Rapho. Getty

Avec «Ne nous libérez pas, on s’en charge», Bibia Pavard, Florence Rochefort et Michelle Zancarini-Fournel signent une histoire inédite des féminismes de 1789 à nos jours. Un récit salutaire qui montre la connexion des luttes contre toutes les dominations et fait ressurgir des figures oubliées de la lutte pour l’égalité entre les sexes. Entretien.

Il y a eu Olympe de Gouges et Simone de Beauvoir, le MLF et l’engagement de Simone Veil pour l’avortement. Mais derrière ces figures tutélaires entrées dans la postérité, se cache un autre récit tout aussi somptueux que déterminant du mouvement pour l’égalité entre les sexes. Dans une histoire des féminismes de 1789 à nos jours, trois historiennes (Bibia Pavard, Florence Rochefort et Michelle Zancarini-Fournel) rétablissent la généalogie dans sa continuité, redonnent place aux figure féministes qui, engagées au cours de ces siècles, sont parfois tombées dans l’oubli. La flamboyante citoyenne révolutionnaire Claire Lacombe, qui aimait à se vêtir en amazone, ouvre cette grande fresque. Telle Adèle Haenel qui se lève et se casse en 2020, cette comédienne, à Marseille en 1789, monte à la capitale en 1792, s’illustre durant la prise des Tuileries le 10 août, interprète la déesse de la Liberté dans les défilés et les fêtes publiques. Puis les archives perdent sa trace… étoile filante de l’histoire.
De la période révolutionnaire au confinement printanier, Ne nous libérez pas, on s’en charge est donc un tour de force historiographique : l’ouvrage décrit avec précision une histoire qui est tout sauf linéaire, faites d’avancées majeures (nouvelle émancipation à la Belle Epoque, droit de vote, droit à disposer de son corps…) et de reculs (l’antiféminisme de 1848, répression des «pétroleuses» après la Commune en 1871). Un mouvement dont la puissance transformatrice fait trembler les pouvoirs et crée de profondes oppositions. «Faire bouger les lignes des rôles attribués à chaque sexe revient à bouleverser l’ordre social et interroger les inégalités de classe et de race», analysent les trois autrices.
Cette nouvelle sociohistoire, qui se place délibérément en regard des questionnements contemporains, déjoue les idées reçues et comble les ignorances. Non, il n’y a pas eu d’abord un mouvement politique pour les droits civiques puis une mobilisation autour de la sexualité. La notion de vagues émancipatrices qui se succéderaient ne correspond pas à la réalité. «On aurait tort de croire que les féministes du XIXe siècle ne s’intéressaient qu’au droit. La critique des normes de genre et des préjugés misogynes est tout aussi centrale que la revendication de l’égalité juridique», affirment les trois historiennes. Costume d’homme, cheveux courts, Madeleine Pelletier défend à la Belle Epoque l’amour libre et le désir féminin. Elle bataille pour faire médecine et préconise de défaire les petites filles de leur socialisation féminine. Une pionnière du genre, une féministe radicale du XXe siècle naissant, jugent les trois historiennes.
L’autre axe majeur du livre est de montrer l’imbrication des luttes contre les dominations, normes de genre, sociales et raciales. Une lecture intersectionnelle revendiquée et étayée par de nombreux exemples de féministes qui lient leur combat à celui contre l’esclavage, pour la décolonisation et aujourd’hui en faveur des minorités racisées. Une approche contemporaine qui répond aux attentes de la nouvelle génération militante née avec #MeToo, avide de connaître une histoire des féminismes peu connue, peu enseignée, qui «généralement n’a pas réussi à se transmettre», remarque Bibia Pavard.
Monique Wittig, lauréate du 'Prix Medicis 1964', à Paris, France le 30 novembre 1964. (Photo by KEYSTONE-FRANCE/Gamma-Rapho via Getty Images)
Monique Wittig, en 1964. Photo Keystone. Gamma-Rapho. Getty

C’est justement en songeant à leurs étudiant·es, qui assistaient à leur cours sur l’histoire des féminismes au master «études sur le genre» de l’Ecole des hautes études en sciences sociales à Paris (EHESS), que les trois historiennes ont eu l’idée de l’ouvrage. Trop de questions restaient en suspens : l’origine du féminisme, son lien avec la bourgeoisie, le mouvement anticolonial, la place des féministes noires…
La richesse du livre tient aussi à la personnalité même des autrices et à leur complémentarité. Connue pour son travail sur Mai 68, Michelle Zancarini-Fournel, la plus âgée des trois, se reconnaît dans une histoire sociale qui prend en compte l’expérience des femmes. Florence Rochefort est l’une des premières historiennes du féminisme en France. Toutes deux ont contribué à construire le champ des études sur les femmes, les féminismes et le genre dont la plus jeune, Bibia Pavard, a pu bénéficier sur les bancs de l’université. Spécialiste des enjeux contemporains, c’est elle qui décrit l’explosion la plus récente, le nouvel engagement né sur Internet et les réseaux sociaux ces dernières années.
Entretien avec trois générations d’historiennes, trois générations de féministes qui répondent à Libération d’une seule voix.
Pourquoi l’histoire des féminismes est-elle si peu connue ?
Ce n’est pas faute d’historiennes et d’historiens qui ont travaillé sur le sujet des féminismes que cette histoire est peu connue. C’est plutôt la réception qui a fait défaut : elle n’a pas inscrit ces combats dans la culture historique générale. L’histoire des féminismes n’est pas enseignée dans le secondaire et encore relativement peu dans le supérieur. Cela malgré les médias ou les nombreux objets culturels qui constituent épisodiquement des chambres d’écho. Le résultat est que très peu de figures féministes ont été retenues dans le panthéon national. Il y a aussi que dans l’idéologie individualiste néolibérale les mobilisations politiques et sociales semblent dépassées, inutiles ; mais quand leur urgence et leur pertinence s’imposent, comme aujourd’hui, l’envie d’histoire resurgit.
Justement comment qualifier historiquement le mouvement #MeToo que nous vivons actuellement ?
Doit-on qualifier le moment #MeToo de «révolution» ? Dans un sens oui parce qu’il marque une prise de conscience massive d’inégalités ancestrales et de mobilisations collectives pour traduire cette révolte qui fait événement. Le vocable de «révolution» peut insister aussi sur la radicalité des expressions de ce mouvement créé par une exaspération intense face aux blocages, à l’immobilisme, à la répétition continuelle des agressions et à l’impunité des agresseurs… comme si c’était un moment d’utopie de non-retour, de changement radical pour en finir avec les violences. C’est en tout cas clairement une nouvelle séquence des féminismes. La révolte actuelle des femmes (et des hommes qui les soutiennent), d’étendue planétaire, est assez exceptionnelle.
Quand commence le féminisme ? Il y a débat sur la question. Fin XIXe ? A la Révolution française ? Vous ouvrez votre histoire par les citoyennes de 1789. Pourquoi ?
Le mot féminisme n’apparaît qu’en 1872 et n’est repris par les militantes qu’en 1882. Dans les années 1980, les premières études sur les féminismes rechignent à l’utiliser avant la fin du XIXe siècle car cela semble être un anachronisme qui pouvait effacer les particularités des contextes historiques. Mais désormais, il existe des études sur l’ancien régime qui interrogent des formes de féminisme en précisant bien ce que l’on définit ainsi. Nous avons commencé notre récit à la Révolution française par cohérence politique : l’émergence des combats pour l’égalité des sexes et les droits des femmes y est notable, mais spécifique et plurielle.
Dès la rédaction des cahiers de doléances au printemps 1789 quelques femmes ont revendiqué le droit de prendre la parole parce qu’elles «forment la moitié de l’espèce humaine qui habite le territoire de la France». Elles se sont regroupées dans des clubs, des organisations, des mouvements de femmes parfois non mixtes. Elles ont aussi joué un rôle important dans l’espace public en pesant sur le cours de la Révolution. Après la marche des femmes sur Versailles des 5 et 6 octobre 1789, le roi et sa famille ont été obligés de revenir à Paris sous la surveillance du peuple parisien.
C’est autant Olympe de Gouges et Condorcet que les femmes du peuple qui agissent pour la Révolution. Elles veulent aussi des droits : celui déjà d’être reconnues et intégrées à part entière dans la lutte révolutionnaire en tant que citoyennes.
Suzanne Voilquin
Photo DR
La saint-simonienne Suzanne Voilquin. Photo DR

L’autre point de vue fort de votre histoire des féminismes est d’adopter une lecture intersectionnelle, c’est-à-dire cette capacité à interroger en même temps les dominations sociales, sexuelles, raciales. Vous montrez ainsi que l’anti-esclavagisme est à la racine de la pensée et de l’action féministe…
L’anti-esclavagisme s’est développé au XVIIIe siècle sur la réflexion philosophique de ce qu’était un être humain et en quoi la mise en servitude contrevenait à l’unité de l’humanité. L’abbé Raynal et Diderot réfutent qu’une femme puisse être «la propriété de son mari» de même qu’un «nègre la propriété d’un colon». Cela explique que les réflexions contre la traite et l’esclavage se retrouvent sous la plume de personnes qui ont écrit aussi pour revendiquer l’égalité des femmes, le philosophe Jean Le Rond d’Alembert, Olympe de Gouges ou le marquis de Condorcet. Les mots de servitude et d’entraves sont employés d’abord pour la cause des Noirs puis pour la cause des femmes. Dans l’histoire de la pensée féministe, l’anti-esclavagisme apparaît déterminant comme source d’inspiration, un modèle pour dénoncer l’exclusion de l’humain et penser l’égalité des sexes, même si parler de femmes esclaves est aussi une métaphore qui ne fait pas toujours le lien avec l’anti-esclavagisme. Cela nous a conduites à mettre l’accent sur l’imbrication des pensées et des actions anti-esclavagistes, féministes, socialistes. Par exemple, l’inspiration des analyses de l’aliénation raciale pour Simone de Beauvoir.
Dans l’émergence des féministes des années 60, il y a l’influence du mouvement pour les droits civiques aux Etats-Unis et des luttes anticoloniales. Et aujourd’hui en France, l’analyse des discriminations est fortement influencée par les féminismes noirs, postcoloniaux ou décoloniaux.
Aux Antilles et dans les anciennes colonies, des femmes se sont aussi mobilisées. A partir de quand ?
Une des volontés pour le livre a été d’intégrer l’apport historiographique de ces dernières années sur l’histoire des femmes et des féminismes des femmes noires et des femmes aux Antilles. Leurs premières organisations ont pris la forme de sociétés de secours mutuel féminines à la fin du XIXe siècle. Les rédactrices du journal féministe l’Echo de Pointe-à-Pitre (1918-1921) étaient en relation avec des féministes métropolitaines. Des féministes noires comme les sœurs Nardal se sont manifestées à Paris dans les années 30 dans des cercles de poètes, d’écrivains et d’artistes avec une circulation transnationale des idées et des textes de part et d’autre de l’Atlantique. Mais des divergences sont apparues chez les féministes en contexte colonial entre les partisanes d’une «mission civilisatrice» et d’autres qui prenaient en compte les positionnements des femmes colonisées.
On pense à Simone de Beauvoir ou Gisèle Halimi…
Des femmes comme elles se sont effectivement engagées dans le combat contre la colonisation pendant la guerre d’Algérie. Au moment de la lutte pour la contraception et l’avortement, les féministes hexagonales des années 70 ont souligné les conditions spécifiques de la limitation des naissances à la Réunion et aux Antilles, mais sans en faire un axe central de leurs mobilisations. Aujourd’hui, des groupes féministes de femmes héritières de cette histoire contribuent à faire prendre conscience du poids du passé esclavagiste et colonial comme de la nécessité d’en mesurer l’impact dans le présent.
L’histoire des féminismes est ponctuée d’avancées et de reculs, de divisions et de recompositions. Sur près de trois siècles, quels en sont les moments clés ?
En 1830, les femmes partisanes de l’utopie religieuse saint-simonienne, qui préfigure dans bien des aspects le socialisme, sont une des belles illustrations du surtitre du livre «Ne nous libérez pas on s’en charge». Elles prennent en effet leur indépendance par rapport à leurs maîtres à penser sans les renier, mais en fondant leur propre journal et en développant leur propre idée de leur émancipation. Elles incitent les femmes à parler de leur oppression et de leurs blessures intimes pour changer radicalement les rapports de genre. Ce n’est pas seulement le mariage bourgeois que les saint-simoniens dénoncent comme une prostitution, ce sont aussi les rapports entre hommes et femmes libres qu’elles veulent construire différemment ; mais le prix à payer est souvent fort lourd. Face à l’ampleur des difficultés y compris au sein du saint-simonisme, elles renoncent à leur utopie sexuelle et sont des militantes convaincues de la révolution de 1848 pour réclamer l’égalité des sexes, le droit au travail et le droit de vote.
Au tournant des XIXe et XXe siècles, les féminismes de la Belle Epoque réussissent à forger un mouvement social inventif qui ne se limite pas à la revendication primordiale des droits mais explore aussi des modèles alternatifs de femmes nouvelles qui tentent de s’emparer de la liberté d’écrire, de bouger, de créer. Le quotidien dreyfusard la Fronde, fondé par la journaliste Marguerite Durand en décembre 1897, écrit, composé et diffusé par des femmes, incarne un temps cette dynamique. A la veille de la Première Guerre mondiale, c’est la lutte pour le droit de vote qui joue un rôle fédérateur et illustre une diffusion plus large des idées féministes dans la société française à laquelle la Grande Guerre met un frein. Dans l’entre-deux-guerres, les opposants au suffrage des femmes l’emportent malgré un mouvement féministe très actif. On ne le rappelle guère dans les livres d’histoire, mais l’ordonnance du 21 avril 1944 qui accorde aux Françaises leurs droits politiques doit beaucoup à ces mobilisations.
Portrait de Marguerite Durand, directrice du journal "La Fronde"
1900
France
Paris. Bibliothèque Marguerite Durand
Marguerite Durand, fondatrice de la Fronde. Photo12. Archives Snark

En 1949, la publication par Simone de Beauvoir du Deuxième Sexe sert jusqu’à nos jours de socle théorique en déconstruisant de façon systématique l’idée de nature féminine. Il précède la lutte pour la contraception et l’avortement libres à partir des années 50 et plus tard le combat pour la libre disposition par les femmes de leur corps dans les années 70. Ce livre qui fait scandale à sa sortie joue un rôle majeur dans la prise de conscience féministe de milliers de femmes. Certaines militantes actives dans les années 60 et 70 racontent le déclic provoqué par l’ouvrage qui ouvre les possibles en rendant visibles les rouages sociaux de l’aliénation des femmes.
Depuis 2017, le moment #MeToo, qui n’est pas achevé, voit la mondialisation des luttes féministes contre les violences sexistes et sexuelles tout comme la dénonciation du scandale des féminicides et peut laisser présager un tournant historique. Ce combat qui s’inscrit dans une histoire longue de cinquante ans a été renouvelé par l’arrivée de jeunes voire très jeunes militantes. Les manifestations massives dans les rues autant que la circulation des idées féministes dans les médias et sur les réseaux sociaux font bouger les lignes tant sur le plan des représentations que des comportements et des politiques publiques.
L’engagement féministe porte en lui un potentiel transformateur, voire révolutionnaire bousculant les hiérarchies sociales et les pouvoirs. Cet engagement, depuis son éclosion, n’a cessé d’être critiqué, accusé d’être «extrémiste», «hystérique», comme l’a montré encore cet été l’affaire autour de la démission de Christophe Girard. Une constante dans l’histoire des féminismes ?
La force de l’antiféminisme est à rappeler constamment. Il est déterminant pour comprendre les stratégies effectives de lutte contre l’égalité des sexes, contre la liberté des femmes et des sexualités. Il est essentiel pour comprendre le contexte d’hostilité dans lequel s’expriment les femmes en lutte et les risques qu’elles prennent, en butte aux injures, à l’attaque personnelle, aux procès d’intention (comme celui d’imposer le pouvoir castrateur des femmes). C’est en effet une constante mais la signification et l’impact des injures varient selon les moments, et les moyens aussi. Avec le cyberharcèlement, les attaques sont devenues plus privées. L’injure n’a jamais été réservée qu’aux féministes qui manient la transgression, la provocation ou les actions d’éclat : plus visibles, elles cherchent à faire bouger les lignes en choquant. D’autres courants plus légalistes et qui voulaient jouer la conviction, le bon sens, la moralité en rassurant les adversaires ont été aussi la cible des antiféministes les plus coriaces : la misogynie, voire la détestation des femmes n’est jamais très loin, ni l’homophobie et le racisme.
Vous représentez trois générations de féminisme. Quelles sont vos figures féministes préférées ?

Michelle Zancarini-Fournel : Simone de Beauvoir dont la lecture a accompagné dans mon adolescence la formation de ma conscience féministe et que j’ai retrouvée dans les combats politiques de l’après-68. Il y a aussi l’ouvrière Jeanne Bouvier (1865-1953), devenue militante syndicale, dont la vie et la personnalité démentent l’affirmation récurrente selon laquelle les féministes seraient toutes des bourgeoises. Enfin, à la suite de la découverte du rôle des féministes noires dans la conceptualisation de la négritude, j’ai un faible pour la Martiniquaise Suzanne Roussi-Césaire ; sa formation intellectuelle à la Sorbonne est identique à celle de son époux Aimé Césaire : elle a élevé leurs six enfants tout en enseignant au lycée Schoelcher de Fort-de-France et en témoignant d’une œuvre poétique et militante à travers la revue Tropiques, revue de résistance culturelle au gouvernement de Vichy.
Assemblée générale du mouvement féministe "Choisir". Présidente : l&squot;avocate Gisèle Halimi. Paris, 25 juin 1978. Photographie de Janine Niepce (1921-2007).
Gisèle Halimi, en 1978. Photo Janine Niepce. Roger-Viollet

Florence Rochefort : Outre les saint-simoniennes telles Claire Démar, Suzanne Voilquin ou Désirée Gay évoquées ci-dessus, je suis très intéressée par la figure de Madeleine Pelletier (1874-1939) première femme médecin aliéniste, socialiste, puis anarchiste et féministe. Elle n’est pas toujours facile à suivre dans sa misanthropie quand elle accuse les femmes d’être complices de leur aliénation. Pour elle, tout est à rejeter dans les normes de la féminité et la seule solution est de viriliser les petites filles. Elle porte elle-même le costume masculin. Il n’est pas simple alors de convaincre les femmes des années 1900 de la suivre. Mais la hardiesse de sa pensée sur le genre et l’espoir révolutionnaire d’une complète égalité des sexes sont très exceptionnels et passionnants à restituer.
Bibia Pavard : J’ai été très marquée par les féministes des années 70 que j’ai découvertes en commençant mes recherches. La conviction des textes qui dénoncent l’aliénation spécifique des femmes, l’humour omniprésent, la créativité, la volonté de tout révolutionner et d’agir par tous les moyens. On redécouvre parfois aujourd’hui des personnalités comme Monique Wittig, Christine Delphy, Awa Thiam ou Gisèle Halimi. Mais il y a aussi toutes les autres qui partout en France ont participé à un formidable élan collectif dans lequel les figures individuelles s’estompent.
Biba Pavard, Florence Rochefort, Michelle ZancariniFournel Ne nous libérez pas, on s’en charge éd. la Découverte, 750 pp.   


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