Un musée de Loire-Atlantique démontre, preuves archéologiques à l’appui, que nous ne sommes pas les premiers à nous soucier d’hygiène et de santé.
Planté à l’emplacement d’un port fluvial romain qui se devine çà et là dans les terrains environnants, le Chronographe de Rezé (Loire-Atlantique) a tout pour jouer les machines à remonter le temps. Ouvert en 2017, ce seul établissement muséal consacré à l’archéologie dans l’agglomération nantaise a pour vocation de mettre en avant « des sujets capables de faire écho à des questions qui traversent la société contemporaine », selon les paroles de sa responsable, Cécile de Collasson. C’est chose faite et réussie avec la petite exposition intitulée « Prenez soin de vous ! », proposée en collaboration avec l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap). Elle montre, avec une économie de mots et d’effets, à quel point les préoccupations sanitaires d’aujourd’hui… ne datent pas d’hier. « On n’est pas les premiers… », tel est en effet le leitmotiv de l’exposition.
Nous ne sommes ainsi pas les premiers à nous préoccuper d’hygiène. En témoigne un peigne à poux ou un strigile, ce racloir utilisé par les Romains pour nettoyer leur peau. Ou encore ce nécessaire de toilette du Ier siècle av. J.-C., retrouvé à Saintes (Charente-Maritime) et composé de trois minuscules instruments tenus par un anneau : un cure-oreille, une curette et une pince à épiler. Nous ne sommes pas non plus les premiers à aller chez le médecin, et c’est une merveille de découvrir le matériel d’un oculiste gallo-romain du IIe siècle, mis au jour en 1847 à Saint-Médard-des-Prés (Vendée) : des bouteilles en verre, des balsamaires, des mortiers et des broyons, une boîte pour la préparation des collyres, lesquels se présentaient à l’époque sous la forme de petits pains de pâte souple, qu’on émiettait dans de l’eau pour les dissoudre, avant de les verser dans l’œil malade…
Nous ne sommes pas les premiers à pratiquer des opérations chirurgicales et l’on frémit à voir des crânes ayant subi une trépanation dès la préhistoire. « Cette opération était souvent pratiquée par les populations néolithiques, pour soulager le cerveau quand il y avait un hématome ou quand la dure-mère était comprimée. Peut-être voulait-on aussi soigner des migraines effroyables ou la folie », s’interroge Valérie Delattre, archéo-anthropologue à l’Inrap et l’une des commissaires scientifiques de l’exposition. Elle rappelle que, comme on peut le voir à la cicatrisation des os du crâne, « 70 % des individus opérés survivaient ».
Enfin, nous ne sommes pas les premiers à réparer les corps meurtris. Hommage est ainsi rendu à Ambroise Paré, qui certes amputa à la chaîne sur les champs de bataille des guerres du XVIe siècle, mais inventa aussi une technique pour ligaturer les vaisseaux sanguins ainsi que des prothèses pour remplacer les membres perdus. Avec l’idée, déjà, de concevoir des appareillages à coût réduit, le chirurgien de Charles IX et d’Henri III ayant eu, dit-on, le souci de soigner les pauvres comme il soignait les rois.
« Prenez soin de vous ! Archéologie du soin et de la santé ». Jusqu’au 5 janvier 2020 au Chronographe, à Rezé (44). Lechronographe.nantesmetropole.fr
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire