Créé par une ancienne infirmière en soins palliatifs, le premier “club cercueils” a vu le jour en 2010 dans la ville de Rotorua, en Nouvelle-Zélande. Plusieurs clubs similaires ont ouvert par la suite dans le pays et à l’étranger. En construisant leurs cercueils, les adhérents désacralisent la mort et se l’approprient.
Le Kiwi Coffin Club, tout premier club cercueils de l’histoire, promet à ses adhérents un “cadre dans lequel librement aborder, questionner, approfondir et accepter les questions liées à la vie et à la mort, à travers l’échange et l’accompagnement, et la personnalisation (peinture et capitonnage) de son cercueil”, rapporte The Atlantic.
Ces associations donnent la possibilité aux adhérents de construire leur propre cercueil et de le personnaliser, sans autre limite que l’imagination de chacun. Elles connaissent un succès grandissant en Nouvelle-Zélande mais aussi à l’étranger, des clubs similaires ayant vu le jour en Australie, aux États-Unis ou au Royaume-Uni. The Atlantic affirme ainsi qu’“il y a déjà une liste d’attente” pour un club cercueils tout juste inauguré à Cleveland, aux États-Unis : “Les demandeurs les plus jeunes ont 16 ans, les plus âgés sont octogénaires”, ajoute le journal.
L’une des raisons qui pousse ces personnes à rejoindre ces associations semble financière. Acheter un cercueil coûte cher, encore plus si le client désire le personnaliser ou acquérir un modèle qui sort de l’ordinaire. “Pourquoi dépenser 5 000 dollars [4 400 euros] pour un cercueil banal alors que pour 500 [440 euros] vous pouvez en avoir un superchouette ?” demande ainsi une adhérente citée par The Washington Post.
Des cercueils pour ne plus avoir peur de la mort
L’initiative semble farfelue, mais elle peut en réalité se révéler salvatrice. Beaucoup expliquent que se confronter directement à une preuve physique de notre finitude permet de rendre la mort plus légère, de la dédramatiser en quelque sorte.
De plus, fabriquer son cercueil ne signifie pas acter sa mort. C’est au contraire davantage un moyen d’accepter l’idée de mourir un jour sans pour autant refuser de continuer à vivre. The Washington Post prend ainsi l’exemple d’une femme ayant peint sur son cercueil une ville fictive constituée des monuments qu’elle avait déjà visités : elle a laissé certains espaces vides en prévision d’autres voyages.
Les membres de ces clubs cercueils ne sont d’ailleurs pas tous en fin de vie : certains ont la cinquantaine. C’est le cas d’un couple interrogé par le journal américain, qui fabrique ensemble deux cercueils.
Un lieu de socialisation, d’intégration et d’entraide
Ces clubs revêtent un autre intérêt : ce sont des lieux de socialisation qui donnent aux personnes veuves, avec peu de famille ou simplement isolées un endroit pour discuter, rencontrer des gens et faire une activité. The Atlantic résume ainsi cet aspect des clubs cercueils :
Au-delà de l’atelier menuiserie ou du groupe de parole pour individus en proie à une angoisse existentielle, le club est aussi un lieu de sociabilité et de vie.”
Ils ont aussi un rôle social important : The New Zealand Herald révèle ainsi que certains adhérents “fabriquent des cercueils d’enfant et des boîtes de souvenirs [à poser sur les sépultures] dont ils font don”. The Washington Post précise que c’est une façon d’“apporter un soutien aux parents qui ont perdu un nourrisson à la naissance ou dans ses premiers mois”.
Le quotidien américain prend l’exemple d’un ancien membre de gang qui a fait vingt ans de prison. Ce dernier passe aujourd’hui une partie de son temps à fabriquer et à peindre des cercueils, côtoyant des retraitées et d’autres membres. Il assure :
Je crois maintenant que je peindrai des cercueils jusqu’à la fin de mes jours.”
Un reportage réalisé par le média Freethink s’était penché l’an dernier sur ce phénomène.
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