Fessées, petites humiliations, cris : ces méthodes éducatives, que l’on désigne comme des violences éducatives ordinaires (VEO), sont néfastes, trop souvent banalisées et peuvent avoir une incidence sur le développement et le futur de l’enfant. À l’occasion de la Journée internationale de la non-violence éducative, ce 30 avril, l’association Stop VEO lance une campagne afin de sensibiliser, notamment, les professionnels de santé à ces enjeux.
Une loi attendue
« De nombreuses études documentent la toxicité des VEO, observe le Dr Isabelle Titti, pédiatre et membre de l’association Stop VEO. En Suède, où ces violences sont bannies depuis 40 ans, leur interdiction a permis de vider les prisons et de réduire grandement la maltraitance. » Ces violences ordinaires sont en effet parfois à la limite de la maltraitance, qui conduit en moyenne à 72 morts violentes d’enfants chaque année, en France. Pourtant, le pays reste à la traîne : 22 pays en Europe et 45 dans le monde ont déjà adopté ce type de législation. Une proposition de loi visant à interdire ces VEO, adoptée en novembre dernier par l’Assemblée nationale et en mars par le Sénat, attend encore son retour à l’Assemblée pour une ratification définitive.
Avec cette campagne, l’association entend ainsi « ouvrir le dialogue ». Une lettre sera adressée aux professionnels de santé qui pourront obtenir des affiches à exposer dans leur cabinet, mais aussi des flyers à distribuer à leurs patients. « Notre message est simple : l’éducation ne peut pas être violente, martèle le Dr Isabelle Titti. Les caprices, par exemple, n’existent pas : il s’agit de débordement émotionnel. Le rôle de l’adulte est alors d’accompagner l’enfant pour lui permettre une expression autre que la colère. » Dans cette prise de conscience de l’importance de cette problématique, les médecins ont un rôle à jouer, selon la pédiatre. « Les médecins peuvent mettre en avant les conséquences néfastes sur le cerveau et orienter les parents vers des outils, comme ceux du site MPEDIA, pour une discipline positive ou une communication non violente, par exemple », insiste le Dr Isabelle Titti.
Une prise de conscience corrélée avec le fait de devenir parent
En parallèle de cette campagne, une autre association, l’Observatoire des VEO a publié une enquête (1) sur la prise de conscience de l’impact des VEO par les parents. Souvent, cette prise de conscience est corrélée avec le fait de devenir parent et est alimentée par la lecture d’ouvrages (35 %), la participation à des forums ou des groupes de discussion sur les réseaux sociaux (25 %), une discussion avec un proche (17 %) ou encore une formation professionnelle (11 %). Cette prise de conscience tend à augmenter le degré de violence attribué à certains actes. Cela modifie par exemple la perception d’une gifle. La perception de sa nocivité passe ainsi de 28 à 78 %. Constat similaire pour le fait de nier ou minimiser la douleur ou les émotions : la perception négative de ce type d’actes passe de 8 à 56 %.
Plusieurs facteurs sont avancés pour expliquer ces actes. Sont cités la fatigue à 90 %, des difficultés extérieures générant du stress (travail, couple, maladie, décès…) à 77 %, le manque de temps pour soi à 67 %, la reproduction de l’éducation reçue à 65 %, des difficultés à comprendre le comportement de l’enfant (65 %), le manque de temps pour ses enfants à 53 % ou le manque de soutien du conjoint ou de la conjointe à 53 %. Dans ce contexte, les parents sont demandeurs d’une aide par la formation (87 %), d’une aide psychologique individuelle (71 %), d’une participation à un groupe de discussion entre parents (70 %), d’une aide ponctuelle permettant d’avoir du temps pour soi (70 %), ou encore d’un numéro vert pour obtenir des conseils (46 %). Les participants à l’enquête étaient par ailleurs favorables à la diffusion d’informations écrites ou orales, à l’organisation d’entretien ou de visite pendant la grossesse ou la première année de vie de l’enfant ou encore à l’ajout d’informations sur ce thème dans le carnet de santé.
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