Le secteur de la psychiatrie est en forte tension. L’hôpital ne peut soigner seul les malades, livrés trop vite à eux-mêmes. L’espoir se trouve à la Chesnaie.
Mettre un coup de pied dans la fourmilière et alerter le ministère de la Santé : tel était l’objectif de la journée de visite et de tables rondes, organisée la semaine passée à la clinique de la Chesnaie à Chailles. Par des acteurs du milieu psychiatrique venant de Paris qui voulaient montrer combien la psychiatrie institutionnelle reste importante pour les malades, à l’heure même où elle est en voie de disparition ; on ne la pratique plus que dans quatre établissements en France. Membre du conseil d’administration du Conseil national handicap, Claude Gandillon est à l’origine d’un collectif “ 100.000 handicapés psychiatriques à l’abandon ” qui cherche urgemment des solutions : « On pourrait même dire 150.000 personnes qui sortent des urgences psychiatriques, arrêtent leur traitement et se trouvent livrées à elles-mêmes. De là, la désocialisation, puis la rue, voire la prison. Il existe des lieux complémentaires aux urgences psychiatriques, comme la clinique de la Chesnaie, où les malades peuvent réapprendre à être heureux. »
Claude Gandillon a donc emmené le professeur Antoine Pelissolo, psychiatre, chef de service au CHU de Créteil, à Chailles, pour que Jean-Louis Place lui explique son travail. Mais surtout que soignants et soignés puissent eux-mêmes expliquer ce qu’ils trouvent dans ce lieu, où ils gèrent ensemble la vie commune ; les soignés se trouvent valorisés et réapprennent la vie sociale. « Ici on vous donne les moyens de se sentir plus heureux, alors qu’on est éclaté comme un puzzle », témoigne une femme de 62 ans. Une retraitée abonde : « On peut s’y reconstruire, la porte reste toujours ouverte si jamais on rechute et ça, c’est très important. Je me suis installée dans le coin et je suis bénévole au club de la Chesnaie, je lui dois bien ça ! »
Adapter l’offre de soins aux besoins réels
Le club thérapeutique de la Chesnaie est certainement l’un des outils de la psychiatrie institutionnelle le plus transposable dans des unités psychiatriques. « Soignants et soignés le gèrent, nous avons choisi d’organiser des spectacles une fois par mois. Mais ça pourrait être autre chose. On met tous la main à la pâte ! » Une jeune femme explique aussi qu’en hôpital psychiatrique, « entre quatre murs, je n’avançais pas. Ici ça m’a émerveillée : pas de blouses, pas d’étiquettes, on nous confie par contrat des tâches au restaurant et au bar… » Le Pr Pelissolo, très intéressé, a expliqué qu’à l’hôpital public « On manque de temps disponible pour mener des soins suffisants. On nous demande avant tout de faire vite. Mais il va bien falloir adapter l’offre de soins aux besoins réels. »
Tous les acteurs présents se sont accordés pour défendre la complémentarité et le suivi psychiatrique : aux urgences la gestion de la crise, aux cliniques comme la Chesnaie à inventer un suivi sur le long terme. Mais encore faut-il que ces lieux existent. « Ce n’est pas une histoire d’argent, le prix de journée en urgences psychiatriques est à 1.200 € car c’est un système lourd, 24 h sur 24 et nécessaire. En clinique c’est 5 fois moins cher ! Et cela peut éviter de retourner trop souvent à l’hôpital », explique Claude Gandillon. D’autres journées de travail suivront, où seront inclus des responsables politiques. Pour que les 150.000 handicapés psy abandonnés trouvent une place et un réel espoir.
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