Dans les pays développés, l’âge moyen au moment des grossesses a augmenté. Quand il est de plus de 35 ans, le risque de complications et d’anomalies chromosomiques chez l’enfant est accru. Plusieurs études ont également suggéré que l’âge maternel avancé pourrait être un facteur de risque pour plusieurs maladies malignes pendant l’enfance. Plusieurs mécanismes pourraient être en cause : expression des gènes contrôlant le cycle cellulaire, altérations de l’ADN et de ses voies de réparation, mutations épigénétiques ou autres. Les maladies malignes sont rares dans l’enfance ; trois types prédominent : les leucémies (25 %), les tumeurs du système nerveux central (17 %), les lymphomes (16 %).
Vérifier tout de même la possibilité d’une association avec les leucémies
Des auteurs israéliens ont conduit une étude rétrospective portant sur toutes les femmes qui avaient accouché entre 1991 et 2014 dans le seul hôpital de la région du Néguev desservant une population de 1 200 000 habitants. Trois tranches d’âge ont été distinguées : 35-39 ans, 40-50 ans et un groupe contrôle de 20-34 ans. Les malformations, les aberrations chromosomiques, les grossesses multiples, les femmes plus jeunes ont été exclues. Toutes les hospitalisations des enfants nés dans le même centre pour une pathologie maligne jusqu’à 18 ans ont été prises en compte. Une courbe de survie de type Kaplan-Meier a permis de calculer l’incidence cumulée des maladies malignes et un modèle de régression de type Weibull a servi à contrôler les facteurs de confusion.
Au total 201 738 accouchements survenus dans la période étudiée remplissaient les critères de sélection : 32 804 (16,3 %) concernaient des mères de 35 ans ou plus, dont 26 147 (79,7 %) de 35-39 ans et 6 659 (20,3 %) de 40-50 ans. Comme prévisible, les mères les plus âgées avaient plus fréquemment souffert de complications gravidiques et obstétricales et les nouveau-nés avaient plus souvent un Apgar bas ; ces facteurs ont été pris en compte. Un total de 363 maladies malignes a été enregistré chez les enfants nés pendant la période considérée. L’analyse par régression n’a pas permis de montrer une association entre âge maternel avancé et morbidité maligne générale jusqu’à 18 ans : rapport de risques ajusté pour les mères de 35-39 ans (RRa) 1,06 ; intervalle de confiance à 95 % (IC) 0,76-1,48 (p = 0,727), mères de 40-50 ans RRa 0,73 ; IC 0,36-1,46 (p=0,373).
Cependant, dans la tranche d’âge 35-39 ans, une association indépendante a été constatée pour les leucémies (RRa 2,23 IC 1,34-3,69, p=0,002) ; pour les mères plus âgées, l’association n’est pas significative mais l’effectif est insuffisant pour conclure.
L’âge maternel avancé ne paraît pas augmenter le risque de maladie maligne pour les enfants jusqu’à 18 ans. L’association âge maternel et leucémies demande confirmation.
Pr Jean-Jacques Baudon
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