A Marseille, l’équipe du Samu est appelée à minuit auprès d’une dame
de 83 ans pour une fracture fermée.
Photo Patrick Gherdoussi pour Libération
L’Inserm a mené sa première évaluation sur l’hypnose en milieu médical. Le résultat est mitigé.
Premier enseignement, la pratique est très hétérogène. Le concept est mal défini, entre l’hypnose de cabaret ou de cirque pour épater le spectateur, l’autohypnose ou l’hypnose ericksonienne (approche thérapeutique souple basée sur les enseignements du psychiatre et psychologue américain Milton Erickson). «On peut d’ailleurs se demander s’il est légitime de nommer tout cela avec le même mot», s’interroge l’Inserm.
Mais surtout, est-ce que cela marche ? Pour l’Inserm, «il y a un corpus assez solide autour de la prise en charge de la douleur et entre autres de la douleur en anesthésiologie […]. Un faisceau d’arguments indique, par exemple, une diminution de prises de médicaments en anesthésie quand la personne est sous hypnose». Ainsi, pendant des examens de chirurgie et radiologie interventionnelle (extraction de dents de sagesse, biopsies mammaires, interventions transcatheter, etc.), le rapport indique que « bien que les études ne permettent pas de statuer sur une majorité des critères retenus (intensité douloureuse, anxiété, effets secondaires indésirables, ainsi que durée et coût de l’intervention), les résultats concordent sur la consommation de médicaments antalgiques ou sédatifs : grâce à l’hypnose, leur usage est réduit durant l’intervention».
«C’est solide, bien documenté. En même temps, notent les chercheurs qui ont participé à cette évaluation, la douleur est un état compliqué.» Et de citer un exemple déroutant sur la douleur dans l’accouchement sous hypnose : «Sur le moment, les femmes qui accouchent sous hypnose vont dire que leur douleur est la même, avec la même échelle d’intensité. Pourtant, ces mêmes femmes vont avoir un souvenir beaucoup plus léger de ce qu’elles ont pu souffrir lors de l’accouchement. Comme si la douleur avait été la même, mais que le vécu de la douleur n’était pas identique.» Un des chercheurs, Bruno Falissard, note : «On nous a raconté que lorsque l’anesthésiste commence à faire son travail avec la parturiente, tout le monde dans la salle d’accouchement se détend, est moins stressé, va mieux.»
Pour le reste, il y a des éléments convaincants. «Dans certaines indications, la littérature confirme ainsi l’intérêt thérapeutique de l’hypnose dans la prise en charge du syndrome du côlon irritable», précise le rapport. Plus inattendu, l’Inserm a montré, dans son expertise, que l’hypnose n’est pas franchement concluante sur le sevrage tabagique, alors que nombreux sont ceux qui vantent cette méthode. «Dans le domaine de l’addiction ou de la psychiatrie, c’est là aussi une grosse déception, précisent les chercheurs, les études ne donnent rien. Or, en psychiatrie, historiquement, l’hypnose a été très utilisée et nous sommes confrontés à des collègues tout à fait raisonnables qui nous disent que cela fait extrêmement du bien à leurs patients. Aucune étude ne le confirme, pourtant.»
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