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mardi 17 avril 2018

Schizophrénie en Europe : quel est le montant de la facture ?

 09/04/2018

Conduite en collaboration par des chercheurs de Hongrie et de France, une revue de la littérature spécialisée (par l’intermédiaire des bases de données MEDLINE, EMBASE et Cochrane Database) évalue l’impact économique de la schizophrénie sur les systèmes de santé en Europe, continent où la fréquence des troubles psychotiques serait de l’ordre de 1,2 % dans la population générale et où vivraient environ 5 millions de personnes affectées par la schizophrénie.
Parmi 1 075 références initiales, les auteurs ont retenu en définitive 23 études conformes aux critères d’inclusion définis : article en anglais, effectif des populations concernées > 100 patients, recherche menée en Europe, données récentes (postérieures à 2005), etc. 

Estimé pour toute l’Europe à 29 milliards d’euros (en 2010), le poids économique de la schizophrénie varie en fait beaucoup d’un pays à l’autre, se révélant notamment « trois fois plus élevé en Allemagne et en Norvège qu’en France. » En moyenne annuelle par patient, le montant est le plus bas en Ukraine (533 €) et le plus élevé aux Pays-Bas (13 704 €). Par comparaison, ce coût annuel moyen par patient est estimé en France à 7 068 € en 2007, et à 7 604 € en 2012. 

Ce sont les hospitalisations qui coûtent le plus cher

Fait remarquable : pour l’ensemble des pays d’Europe, la part du prix des médicaments reste « inférieure à 25 % des frais de santé directs », ce qui peut s’expliquer par « une politique similaire de prix des médicaments dans les divers pays » et des références voisines pour fixer ces prix. À l’inverse, la plus grande part des dépenses de santé concerne les frais liés aux hospitalisations : de 27 % en Italie (où les effets de la loi 180[1]dite legge Basaglia demeurent vivaces) à environ 90 % en Pologne et en Ukraine, contre 39 % en France. 

Et malgré le caractère « hétérogène » de ces études, selon les pays, on observe globalement que quatre éléments présentent une « incidence substantielle » sur la facture de la schizophrénie en Europe : l’âge du patient, la sévérité des symptômes, la nécessité d’un traitement prolongé, et le recours à des hospitalisations.

S’appuyant sur ces constats, les auteurs proposent par conséquent des pistes, pour réaliser des économies possibles en matière de dépenses de santé liées aux problématiques psychotiques : réduire la fréquence (et/ou la durée) des hospitalisations, en développant l’offre extra-hopitalière et l’efficacité des soins ambulatoires, en élaborant « des interventions ciblées sur des symptômes spécifiques », et en « améliorant l’adhésion du patient à son traitement[2]. »


Dr Alain Cohen
RÉFÉRENCE
Kovács G et coll.: Direct healthcare cost of schizophrenia - European overview. European Psychiatry 2018; 48 : 79–92.

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