| 16.04.2018
Crédit Photo : Anne-Gaëlle Moulin
Sur la place de la Comédie, c’est un étrange et macabre spectacle qui accueille les passants ce lundi 16 avril. Plusieurs sacs mortuaires contenant des corps inertes alternent avec des personnes en blouses blanches ou en tenue d’hôpital bleue qui gisent à terre, tandis qu’une voix égrène ces mots : « Parce que travailler de nuit ça tue, parce que contenir les gens sur un brancard ça tue, parce que la précarité des soins ça tue, parce que macérer dans ses déjections ça tue, parce que le suicide de nos collègues ça nous tue… » Penchées sur ces corps, d’autres personnes tracent leurs silhouettes à la bombe, comme sur une scène de crime.
Ces faux cadavres, interprétés par les urgentistes en grève, « symbolisent l’hôpital en train de mourir », explique Manon, infirmière aux urgences de l’hôpital Edouard-Herriot. « Nous ne nous résignons pas à soigner à coup d’économies et d’austérité, déclare sa consœur au micro. Nous voulons des moyens pour soigner nos patients avec dignité. Cette grève n’est pas seulement celle des médicaux et des paramédicaux. Nous nous mobilisons pour sauver le système hospitalier. La situation n’est plus tenable. Les paroles et les hommages de notre président ne nous intéressent pas. Nous voulons des moyens », réclame-t-elle.
Maigres avancées
En grève depuis début février, les personnels paramédicaux des urgences de l’hôpital Edouard-Herriot ont été rejoints par les urgences de l’hôpital de la Croix-Rousse, de l’hôpital Saint-Joseph-Saint-Luc et de l’hôpital psychiatrique du Vinatier.
À Edouard-Herriot, la mobilisation a porté quelques fruits. « Nous avons obtenu un brancardier sur les deux que nous avions réclamés, explique Bertrand, infirmier aux urgences de l’hôpital. Ce n’est pas suffisant, car nous avons entre 60 et 80 transports par nuit. » La direction a refusé la demande des grévistes d’avoir un aide-soignant 24h/24 à l'accueil des urgences, ainsi que le rétablissement des primes de nuit.
Depuis le 30 mars, les urgences du CH psychiatrique du Vinatier sont également en grève. « Nos revendications portent sur les effectifs, explique Ariane, infirmière aux urgences du Vinatier. Nous n’avons pas suffisamment de psychiatres aux urgences, ce qui oblige l’établissement à faire appel à des médecins d’autres pôles, qui ne connaissent pas le service. Nous demandons également davantage de lits. Nous avons 14 lits aux urgences et nous accueillons en moyenne une vingtaine de patients par jour. Par conséquent, beaucoup dorment dans les couloirs. Nous n’avons que trois chambres d’isolement, donc il arrive souvent que les patients soient contenus dans les couloirs ou dans des chambres non adaptées et qu’ils restent contenus alors qu’ils n’en ont plus besoin. » Elle pointe des problèmes de sécurité. « Le poste à l’accueil est très isolé et très exposé. En janvier, un patient a essayé de s’immoler et il est déjà arrivé qu’un patient arrive armé. C’est très dangereux. »
Les grévistes devraient être reçus par la direction le 18 avril.
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