Comme 5 % à 10 % des étudiants, Meggane est dyslexique. Elle raconte comment, malgré les difficultés et trois échecs au bac, elle n’a jamais baissé les bras.
LE MONDE |
Voix d’orientation. En cette période où de nombreux jeunes font leurs voeux d’études supérieures sur la plate-forme Parcoursup, Le Monde Campus et La ZEP, média jeune et participatif, s’associent pour faire témoigner lycéens et étudiants. Cette semaine, Meggane, 23 ans, en L3 de lettres modernes, à l’université Paris-X Nanterre.
« Les dyslexiques n’ont rien à faire en lettres ». Encore et toujours cette critique blessante. Des mots qui m’empêchent d’avoir confiance en moi.
J’étais en CM2 quand on m’a dit que j’étais « dyslexique ». Un mot bien trop compliqué pour moi. Depuis ce diagnostic, j’ai l’impression d’être différente des autres. Quand on l’apprend, ma mère doit se lancer dans des démarches administratives pour que l’on puisse m’aider. Cette aide consiste à avoir, à l’époque, un devoir différent de ceux de mes camarades de classe. Allez expliquer à vos amis de 10 ans que votre devoir est différent, et donc plus facile que le leur, à cause d’un petit problème.
Les reproches et critiques ont commencé : « Elle est bête ! », « C’est la chouchoute de la prof parce que son devoir est plus simple ». La solitude m’a donc suivie une bonne partie de ma scolarité.
Arrivée au collège, j’ai essayé de faire en sorte que tout se passe pour le mieux. Honteuse de ce handicap, j’ai demandé à ma mère de ne pas en parler aux enseignants. Je ne voulais pas me sentir rejetée, critiquée ou encore jugée. Dans ces moments d’angoisse, on préfère être en échec scolaire que de se sentir différente des autres.
Ce choix m’a valu d’être menacée de redoublement tous les trimestres. A chaque fin d’année, j’avais cette angoisse. Et de l’incompréhension. Pourquoi vouloir me faire redoubler alors que j’avais entre 9 et 10 de moyenne ? Pour moi, c’était un succès. Or, les profs en faisaient une faiblesse et un échec.
Pendant quatre ans, j’ai dû faire appel pour ne pas redoubler et prouver aux professeurs et même à mes parents que je pouvais réussir l’année suivante. Ce fut certes un combat long et difficile, mais j’ai réussi à avoir mon brevet sans redoubler.
Alors qu’une nouvelle année commençait, dans une nouvelle ville, je me suis dit que ma seconde allait bien se passer. Mais ça a été un retour en enfer. Pour la première fois, j’ai accepté de parler de ma dyslexie et j’ai souhaité faire les choses bien, en instaurant un tiers-temps. Il s’avère que ma prof principale n’était pas du même avis. Pendant quatre mois, elle m’a fait vivre un calvaire : elle n’avait aucun tact et n’hésitait pas à me dire que je n’arriverais à rien. Pour elle, j’étais une illettrée.
J’assistais à ses cours la boule au ventre, redoutant une nouvelle humiliation. Une angoisse que je n’ai pas su gérer. J’ai donc supplié ma mère de me déscolariser et de m’inscrire à des cours à distance. Malgré le bref répit que cette situation m’a donné, la déprime m’a gagnée et j’ai ressenti le besoin de retrouver un rythme et un environnement scolaire classique pour ma première L.
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