Un collectif de bénévoles, actifs et discrets, s’attache à accompagner les migrants en provenance de la « jungle » de Calais et de passage dans le centre d’accueil et d’orientation du petit port breton.
LE MONDE | | Par Anne Guillard
Ici, à Cancale (Ille-et-Vilaine), il y a la structure officielle. Le centre d’accueil et d’orientation (CAO) a, depuis fin octobre, pris en charge une cinquantaine de Soudanais, issus de la « jungle » de Calais, et constitue un lieu important afin de « permettre aux personnes migrantes sans abri de bénéficier d’un temps de répit et d’engager, si elles le souhaitent, une démarche de demande d’asile », comme l’indiquait un communiqué du ministère du logement, publié début août.
Lire le reportage : Au CAO de Cancale, les migrants, impatients d’écrire leur avenir, s’inquiètent
Mais il y a aussi ces « énergies hospitalières », comme les qualifie l’anthropologue Michel Agier. Tout aussi essentielles pour la reconstruction de ces hommes, à travers la solidarité de proximité qu’elles leur procurent. Et, sur ce point, à Cancale, on s’est mobilisé. Avec foi et discrétion. Depuis leur départ de la « jungle », outre les tâches quotidiennes dont ils s’acquittent au CAO, les exilés – pour ceux qui le souhaitent – se voient proposer des activités par un collectif d’habitants, en plus de celles offertes par des associations pérennes, comme Le Secours catholique ou La Main tendue.
Six jours sur sept, dans une salle municipale, se tiennent ainsi des cours d’alphabétisation et d’apprentissage du français d’une durée d’une heure. Pour y assister, les migrants se sont constitués en groupes de dix, assidus, conscients d’« être gâtés ». « Ils sont demandeurs, très impliqués », dit Bénédicte, l’une des bénévoles, dont la préoccupation est qu’ils se débrouillent dans la vie quotidienne, « faisant au mieux » avec les disparités de niveaux et les problèmes de phonétique rencontrés par des arabophones dans la pratique du français.
Lire le portrait (en édition abonnés) : « Aujourd’hui, je peux dire que je suis très heureux d’avoir quitté la jungle de Calais »
« On devine la dureté de ce qu’ils ont vécu. Ils sont très chaleureux », relèveLydia, qui raconte qu’après avoir pris connaissance de leur arrivée dans la presse locale, elle a « eu envie de donner un coup de main, de faire quelque chose à côté de chez » elle. Un engagement qu’elle ne regrette pas.En témoignent, jeudi 1er décembre, ces exilés qui, sur le chemin du retour au CAO, répètent en souriant les phrases « J’ai bien travaillé » et « Qu’est-ce que tu veux ? »,apprises un peu plus tôt.
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