Le docteur Denis Debreu, médecin psychiatre, est expert près la cour d’assises de Douai depuis une dizaine d’années.
Quelle définition donneriez-vous des « bouffées délirantes ? »
« Pour faire simple, il s’agit de manifestations psychotiques (hallucinations, troubles du cours de la pensée, délire…) qui surviennent brutalement chez une personne qui n’a pas forcément d’antécédents psychiatriques. Ces manifestations altèrent le rapport à la réalité et le comportement du patient. Parfois, ces bouffées délirantes sont précédées de troubles comportementaux ou de raisonnement plus discrets pendant quelques jours ou semaines, mais globalement, elles sont souvent imprévisibles et le comportement du sujet, lors de la bouffée délirante, dévie complètement de sa personnalité ».
Peuvent-elles frapper n’importe qui ?
« La bouffée délirante peut être sous-tendue par une consommation de drogue ou de certains médicaments… elle peut aussi émailler le cours ou être la première manifestation d’une maladie mentale comme une schizophrénie ou un trouble bipolaire. Mais dans un certain nombre de cas (certaines études évoquent un tiers), il est possible qu’il n’y ait aucun contexte particulier. J’ai d’ailleurs été requis récemment pour examiner des personnes ayant présenté des bouffées délirantes aiguës dont les issues ont été dramatiques, et à l’évidence, ces personnes n’avaient aucun signe de maladie mentale antérieure ».
Estimez-vous qu’il y a davantage de cas ? Dans le Cambrésis, nous en recensons trois…
« Je me suis fait la remarque avec un confrère de cette curieuse série dans le Cambrésis. Un hasard ou y a-t-il une augmentation de la fréquence de ce phénomène qui ferait écho à la violence de la société (la violence n’est pas spécifique à la maladie mentale !) ? J’ai bon espoir qu’il s’agit d’une coïncidence, mais rien de scientifique ne permet de l’affirmer. Trois cas, c’est beaucoup, mais ça reste faible pour faire des statistiques…«
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