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vendredi 23 septembre 2016

Pourquoi on ne reconnaît pas Superman en Clark Kent

LE MONDE SCIENCE ET TECHNO | Par Pierre Barthélémy
A Cleveland (Ohio), le 10 septembre 1998, pour le 60e anniversaire de la création de Superman.


A Cleveland (Ohio), le 10 septembre 1998, pour le 60e anniversaire de la création de Superman. Tony Dejak/AP

C’était énervant. Dans le film Superman de 1978, où Christopher Reeve interprétait le superhéros à slip rouge (taille haute), cette nunuche de Lois Lane s’avérait incapable de reconnaître Superman en Clark Kent, son collègue journaliste du Daily Planet. On avait beau lui crier à travers l’écran « Regarde, ça crève les yeux que c’est le même bonhomme ! », rien à faire, elle semblait frappée de prosopagnosie, ce trouble qui empêche d’identifier les visages. Bien sûr, Christopher Reeve, avec un talent aussi grand que le slip de Superman (oui, c’est obsédant qu’on puisse faire une carrière de superhéros en portant ses sous-vêtements par-dessus sa combinaison moule-truc), modifiait substantiellement son apparence quand il jouait Clark Kent – costume fadasse, chapeau vieux jeu, silhouette voûtée, voix haut perchée, aucune assurance – mais cela n’expliquait pas cet aveuglement… Comment diable fait Superman pour ne pas être percé à jour ?

Et si tout était dans les lunettes dont s’affuble mister Kent quand il ne sauve pas le monde ? C’est la question que viennent sérieusement de poser deux psychologues de l’université de York (Royaume-Uni) dans une étude publiée le 21 août par la revue ­Applied Cognitive Psychology. Les yeux, soulignent-ils, sont un élément important pour la reconnaissance : toute altération de cette zone du visage affaiblit la performance dans ce domaine. Le truc est connu des vedettes qui se cachent derrière des lunettes noires quand elles vont acheter du papier toilette au supermarché du coin. Mais le stratagème fonctionne-t-il aussi quand on porte des verres transparents comme Clark Kent ?
Avec et sans lunettes
Afin de le savoir, ce duo de chercheurs a imaginé une expérience simple. Ils ont d’abord sélectionné, pour 48 « modèles », six photographies : deux avec lunettes, deux sans, plus deux clichés (un avec lunettes, un sans) de « doublures », c’est-à-dire des personnes ayant les mêmes caractéristiques faciales. Puis ils ont effectué toutes les combinaisons possibles avec ces jeux d’images : le modèle deux fois avec des lunettes, deux fois sans, une fois avec et une fois sans, avec sosie binoclard ou avec sosie visage à découvert…
Ces paires de photos ont ensuite été soumises, sur un écran d’ordinateur, à quelques dizaines de ­ « cobayes » qui devaient dire s’ils voyaient ou non la même personne sur les deux clichés. Aucun indice extérieur ne pouvait les aider : à chaque fois, les situations, les éclairages, les angles de prise de vue, les décors et les vêtements changeaient. Résultat : si les participants au test arrivaient bien à reconnaître les modèles lorsque, sur les deux photos, ils avaient des lunettes ou étaient visage nu, ils avaient plus de mal à réaliser l’identification lorsque leur était présentée la combinaison lunettes/pas de lunettes.
L’effet Clark Kent existe donc bel et bien, mais l’étude ajoute qu’il est assez faible. Si les habitants de Metropolis n’arrivent pas à reconnaître Superman, c’est sans doute qu’il y a autre chose. A été avancée l’hypothèse que les verres de ses lunettes, faits d’un matériau issu de sa planète natale, Krypton, donnent au regard du superhéros une sorte de pouvoir hypnotique… Mouais. La raison principale à cet aveuglement collectif tient sans doute au fait que, contrairement à Zorro, Batman, Spiderman et toute la lignée des vengeurs masqués, Superman agit à visage découvert. Personne n’irait imaginer qu’il a une autre vie ou besoin de travailler (comme journaliste qui plus est !) pour payer ses factures et ses grands slips.

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