Touchant environ 10 % à 15 % de la population, les acouphènes sont généralement des sons perçus par un sujet de façon subjective. Comparables à « un bourdonnement, un sifflement ou un tintement » ressenti dans le crâne ou dans l’oreille, ils peuvent altérer considérablement la qualité de vie des intéressés. On rattache certains acouphènes chroniques au « cercle vicieux de l’hypervigilance » présente lorsqu’un tel bruit « fantôme » est associé à un état d’anxiété et à une « hyperactivité du système limbique. » Par exemple, l’hypersensibilité au bruit peut dépendre d’une prise de conscience anxiogène de la circulation sanguine dans l’oreille (acouphène pulsatile), liée à une turbulence anormale de la circulation artérielle ou veineuse dans la région auriculaire.
Divers contextes psychiatriques (dépressions, troubles obsessionnels-compulsifs, stratégies d’adaptation) ont une incidence sur les acouphènes, mais les relations entre ces phénomènes demeurent encore énigmatiques. Dans l’intention de préciser ces liens, une équipe de l’Université de Melbourne (Australie) a enquêté auprès de 81 personnes (âgées de 18 à 82 ans ; âge moyen = 44,6 ans ; déviation-standard = 16,2 ans) souffrant d’acouphènes chroniques pour évaluer l’intensité de leurs troubles et leur bien-être psychologique.
Les auteurs ont observé notamment le « rôle médiateur critique » des symptômes dépressifs, des attitudes face à la maladie, et des troubles obsessionnels-compulsifs sur la problématique des acouphènes. Ils constatent que « la relation attendue entre l’acouphène et l’anxiété est « totalement modulée » par les symptômes dépressifs. De plus, ils identifient chez ces patients souffrant d’acouphènes des « stratégies inadaptées» à type de « comportements d’évitement » et de « sentiments de culpabilité » (auto-reproches, self-blame).
Pour les psychothérapeutes, ces réactions inadaptées pourraient ainsi constituer de «nouvelles cibles de traitement » susceptibles d’améliorer le bien-être et la santé des personnes atteintes d’acouphènes chroniques.
Dr Alain Cohen
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