22.09.2016
Cruelle désillusion pour les décideurs hexagonaux de la santé ! Cinq mois après avoir eu les honneurs du Lancet, voilà le système de santé français fort mal classé dans une étude parue dans... la même revue ! 15 ans après avoir été désigné meilleur système de santé dans le monde par l'OMS, notre pays figure désormais bien loin du top ten pour l'excellence de son système de soins.
Une 24e place qui sonne comme un camouflet
Et c'est l'Islande qui arrive en tête d'un classement de 188 pays selon leurs résultats dans le domaine de la santé, plaçant le Royaume-Uni au 5e rang, suivi de l'Espagne (7e) du Canada (9e), tandis que la France arrive en 24e position et la Chine en 92e. La République centrafricaine arrivant bonne dernière de ce palmarès 2015, précédée de la Somalie et du Sud Soudan. Malgré une croissance économique rapide, l'Inde est classée 143e derrière les Comores et le Ghana, selon l'étude parue mercredi dans la revue médicale britannique.
Réalisée par l'Institut américain des mesures et évaluations de la santé (IHME) à Seattle et financée par la fondation Bill & Melinda Gates, l'étude est la première évaluation annuelle des performances de santé relatives aux Objectifs de développement durable (ODD/SDG) des Nations Unies. Le score est établi à partir d'un index complexe intégrant 33 indicateurs de santé pour mesurer les progrès de ces pays entre 1990 et 2015. Chacun des indicateurs est noté de 0 (le moins bon) à 100 (le meilleur).
Tabac et violence collective plombent l'hexagone
La France apparaît notamment pénalisée par une lutte anti-tabac nettement moins vigoureuse que celles de Singapour (2e du classement général), de l'Islande (1er), ou de la Suède (3e). Un reproche, qui peut paraître paradoxal, alors que Marisol Touraine, qui a fait de ce dossier sa priorité, a été félicitée par l'OMS au printemps dernier... Notre pays est pénalisé aussi par un taux de "décès dus à la violence collective" qui pourrait s'expliquer par les attentats de l'an dernier, alors qu'elle a un score pour les violentes interpersonnelles (crime, homicide involontaire...) moins défavorable que celui de plusieurs pays qui la précède dans ce hit-parade de la santé. Enfin, la consommation d'alcool et le nombre de suicides ont aussi désavantagé l'Hexagone.
On se consolera en constatant que les Etats-Unis (28e place, juste devant l'Estonie) sont encore plus mal placés. Outre Atlantique, cette performance médiocre tient beaucoup aux inégalités que génère le système américain. Elle est attribuée aux indicateurs portant sur les morts dues aux violences entre personnes, le VIH, la consommation d'alcool, le surpoids des enfants et les suicides. Et, leurs piètres scores en matière de mortalité maternelle et infantile, comparés aux autres pays riches, sont encore le reflet des inégalités d'accès aux soins de qualité, souligne l'étude.
Des progrès dans le monde
Reste que, tous pays confondus, le monde a tout de même fait des progrès pour améliorer la survie infantile et maternelle ou l'accès à la contraception, selon l'étude qui souligne les progrès enregistrés depuis 1990. Mais, il est encore loin d'atteindre les objectifs de Nations Unies en matière de lutte contre le surpoids des enfants qui s'aggrave, les violences conjugales ou l'abus d'alcool. En fait, les progrès varient largement selon les indicateurs. Ainsi, plus de 60% des pays ont déjà atteint les objectifs de réduction de la mortalité maternelle de 2030 (moins de 70 morts pour 100.000 naissances vivantes) et de mortalité infantile (25 décès pour mille naissances vivantes). En revanche, aucun pays n'a réussi à éliminer complètement des maladies comme la tuberculose ou le VIH et la prévalence de certaines problème de santé publique comme l'obésité infantile ou la violence conjugale.
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