Les dysfonctionnements éventuels du microbiote intestinal représentent désormais des pistes prometteuses pour préciser le contexte de certaines affections psychiatriques, influencées vraisemblablement par la libération de diverses substances issues « de la digestion et de la fermentation des nutriments. » Parmi ces molécules, figurent en effet « des neurotransmetteurs actifs » comme la sérotonine, la dopamine et le GABA.
Des chercheurs exerçant en Ontario (Canada) résument l’état des connaissances actuelles sur le rôle du microbiote intestinal dans le syndrome de stress post-traumatique (SSPT). Rappelons que des travaux menés sur des souris axéniques (dépourvues de microbiote) montrent qu’elles « présentent une altération de la réponse au stress. » D’autre part, on observe, chez les humains, que la dépression est « associée à une augmentation des taux de biomarqueurs pro-inflammatoires et à une réponse anormale au stress. » À ces indices de relations entre microbiote et troubles psychiques s’ajoute le constat de « taux élevés de marqueurs pro-inflammatoires » chez des patients atteints de SSPT.
On suspecte ainsi l’implication de l’axe hypothalamo-hypohyso-surrénalien et du système immunitaire dans la mauvaise gestion des réponses « métaboliques, endocriniennes, immunitaires et nerveuses » aux situations de stress. Ces dérèglements pourraient « refléter un trauma antérieur », voire très ancien, pouvant « remonter au début de la vie, incluant la période prénatale. »
Déclinant curieusement dans un autre registre (biologique, cette fois) le concept psychanalytique de traumatisme infantile, cette hypothèse s’appuie sur le fait que cette période périnatale se révèle « critique chez les rongeurs pour le développement structurel et fonctionnel des systèmes immunitaires et nerveux » et qu’elle pourrait donc avoir aussi la même importance dans l’espèce humaine. On peut alors imaginer qu’une «perturbation (de cette flore intestinale) en début de vie pourrait avoir des conséquences» néfastes sur le fonctionnement immunitaire, une situation préjudiciable à long terme, et susceptible de rendre le sujet plus « vulnérable au SSPT après un événement traumatique. »
Cette hypothèse physiopathologique suggère « de nouvelles pistes thérapeutiques » ciblant la normalisation du microbiote intestinal : charbon actif, supplémentation en «bonnes » bactéries ou « autres approches nutritionnelles connues pour modifier favorablement l’écologie intestinale. » De quoi donner toute son importance littérale, après un traumatisme, à l’expression « la peur au ventre. »
Dr Alain Cohen
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