| 16.02.2016
L’Université Sorbonne Paris Cité (USPC) a décidé de s’engager dans une démarche active contre le harcèlement sexuel aux côtés d’organismes associatifs et de l’Institut en santé génésique (ISG), une première en France.
Les 8 établissements (Sorbonne Nouvelle, Paris Descartes, Paris Diderot, Paris 13, Institut national des langues et civilisations orientales, dit Inalco, Sciences Po, EHESP et le CNRS) qui constituent l'USPC sont concernés par cette campagne, qui va être expérimentée pendant un an.
Alerter sur les risques
Conscient que « la question du harcèlement sexuel concerne aussi les établissements d’enseignement supérieur et de la recherche », le président de l’USPC, Jean-Yves Mérindol, a annoncé le lancement d’actions de prévention, mais aussi de prise en charge externalisée des victimes. L’objectif est non seulement d’alerter sur les risques, mais également de donner aux victimes les moyens de se défendre, d’engager des actions comme d’être suivies sur le plan sanitaire.
Pour Carle Bonafous-Murat, président de l’Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle, « le harcèlement sexuel est une question de santé publique » dont s’est emparé « le Plan national de vie étudiante (PNVE) lancé par le ministère début octobre 2015 » et qui fait de la lutte contre de tels agissements une mesure essentielle du dispositif. Il est donc temps, selon lui,« de mener des actions de réflexion sur comment prévenir, comment sanctionner » qui se traduisent aujourd’hui par l’instauration d’un réseau coordonné entre les instances dirigeantes des structures universitaires et de recherche concernées et un maillage associatif au sein duquel le Collectif de lutte antisexiste contre le harcèlement sexuel dans l’enseignement supérieur (Clasches) est particulièrement actif.
Un livret et une vidéo
Concrètement, un livret intitulé « Lutter contre le harcèlement sexuel à l’USPC » a été édité et envoyé sous forme électronique à tous les personnels des établissements, ainsi qu’aux étudiants qui y suivent un enseignement.
On y trouve des définitions, notamment juridique, du harcèlement sexuel, des exemples concrets, les actions à entreprendre si l’on est victime ainsi que tous les contacts utiles à l’intérieur de l’établissement et en dehors. « Il est fondamental de multiplier les portes d’entrée », pense Carle Bonafous-Murat qui explique que les Comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) ainsi que les services de gestion des ressources humaines des établissements ont tous été associés à cette démarche. Par ailleurs, une petite vidéo comportant des messages explicites sera diffusée sur les écrans des établissements et les réseaux sociaux.
Écoute et accompagnement à l'hôpital
À l’autre bout de la chaîne, un dispositif externalisé d’écoute et d’accompagnement est prêt à accueillir les victimes qui le souhaitent de manière anonyme, gratuite et sécurisée. Situé dans l’enceinte de l’hôpital de Saint-Germain-en-Laye, l’Institut en santé génésique (ISG) cofondé par le Dr Pierre Foldes et animé par une équipe de médecins, infirmières, assistantes sociales et juristes, tous bénévoles, est ainsi en mesure d’apporter un suivi global aux victimes de violences.
L’ISG est en outre habilité à transmettre des signalements de cas graves directement au Parquet sans passer par le dépôt de plainte. Si, « aujourd’hui, les cas de harcèlement sexuel au sein de l’enseignement supérieur sont surtout l’objet de rumeurs et de bruits de couloirs », comme le rappelle Carle Bonafous-Murat, il n’y a pour autant aucune raison de penser qu’ils échappent à la statistique qui établit qu’en France, plus de 70 % des victimes de harcèlement sexuel au travail n’en parlent jamais.
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