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lundi 16 février 2015

L’extension du domaine de l’individu

LE MONDE ECONOMIE |  | Par 

Page d'accueil du site Meetic (capture d'écran).

Avant d’être la fête des amoureux, la Saint-Valentin, qui se célèbre le 14 février, fut celle des célibataires. Depuis l’antiquité, la formation des couples, arrangée ou non, a toujours été un sujet d’attention extrême des sociétés et des familles. L’avènement du romantisme au XIXè siècle a ajouté un parfum supplémentaire de passion à cette quête, celui des mots et des roses que s’échangent les tourtereaux.

Mais avec toujours les deux mêmes ingrédients : le hasard de la rencontre et la nécessité d’une certaine proximité sociale et culturelle. Deux millénaires plus tard, la recette n’a pas beaucoup changé. Tout de même, deux modifications substantielles sont venues modifier la donne : l’individualisation et la technologie.
 
La première pousse à revendiquer son autonomie et sa liberté de choix, la seconde en décuple les possibilités par la puissance du réseau.

Mais l’Internet n’a pas inventé le marché de la rencontre virtuelle. Les journaux, puis le Minitel ont auparavant rempli cet office. Les cultivateurs esseulés lecteurs du Chasseur français ou les bobos solitaires abonnés au Nouvel Observateur avaient défriché le terrain. Sans parler des florissantes agences matrimoniales qui, contrairement à ce que l’on croit, n’ont pas disparu. Il y en aurait encore plus de 4 000 en France. Mais la Toile numérique fait exploser le nombre des prétendants, et donc les possibilités de trouver chaussure à son pied.


Ubiquité, versatilité, praticité


Face à la vingtaine de millions de célibataires qui peuplent la France d’aujourd’hui, le marché de la rencontre semble sans limites. Lorsque le site Meetic s’est installé sur le Net en 2002, les analystes pariaient sur un nombre très limité d’acteurs. 

Treize ans plus tard, il existerait près de 2 000 sites en France. Chacun trouvant sa niche. Par affinité sexuelle, sociale, ethnique, religieuse… C’est le grand retour de la sélection culturelle et sociale, comme aux temps anciens.

Le site The league créé en 2014 à San Francisco promet ainsi des rencontres haut de gamme à ses membres triés sur le volet en fonction de leurs diplômes, Mektoube vise les Maghrébins de France, Grindr les homosexuels… Certains pour la vie, d’autres pour une heure. C’est l’extension à l’infini du domaine de l’individu.

En cela, le marché de la rencontre épouse parfaitement l’essence même d’Internet. Ubiquité, versatilité, praticité… Un lien géographique et social encore renforcé par le débarquement des smartphones à partir de 2008. Toujours sur soi, toujours localisé. Loin de faire disparaître Meetic et les autres, l’outil a décuplé encore le marché. Non en le concentrant mais en multipliant encore les affinités communautaires.

Cet Internet 3.0 omniprésent et interactif, individualiste et communautaire à la fois, redessine les frontières de l’information, des loisirs, du commerce, de la société même. Et bien sûr de l’amour sous toutes ses formes. Pour le meilleur et pour le pire.

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