Nous avons encore peu d’informations sur les hallucinations auditives, souvent observées dans les troubles psychotiques, comme sur les variations de ces hallucinations selon les diverses cultures. Afin de comparer ces hallucinations auditives à travers trois cultures différentes (aux États-Unis, en Inde et au Ghana), une étude internationale (à laquelle ont collaboré des chercheurs de ces trois pays) a interrogé trois groupes de 20 personnes ayant « entendu des voix », et pour lesquelles un diagnostic de « schizophrénie » avait été posé en fonction notamment de ces expériences hallucinatoires qui se révèlent «complexes, et variant d’un individu à l’autre. »
Les auteurs (un ethnologue et plusieurs psychiatres) constatent que les sujets entendant des voix aux États-Unis tendent plus souvent (que dans les deux autres pays étudiés) à «relever d’une étiquette psychiatrique » et à décrire ces hallucinations auditives en terme de « commandements impérieux » (violent commands). En revanche, les patients en Inde et au Ghana sont « plus susceptibles que les Américains de rapporter de riches relations (rich relationships) avec leurs voix », mais « moins enclins à les présenter comme des symptômes d’une violation de leur esprit. »
Il semble en fait que les hallucinations auditives ne sont pas seulement « interprétées différemment » selon l’environnement culturel, mais que leur « tonalité affective » présente aussi un « décalage » (shift) d’un contexte à l’autre. Ce constat est « en accord avec le nouveau modèle du développement cognitif des hallucinations dans la psychose» plaçant « les biais et les déficits cognitifs » à l’origine de « l’intensité, la nature et la phénoménologie » des hallucinations psychotiques. Ces observations transculturelles suggèrent ainsi que le phénomène d’hallucination auditive comporte vraisemblablement une composante culturelle, liée aux particularités locales. Ces différences en fonction du contexte culturel pourraient, estiment les auteurs, présenter certaines implications cliniques.
Dr Alain Cohen
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire