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jeudi 19 février 2015

Les jeunes médecins sont plus nombreux que leurs aînés à s'installer en secteur 2

13/02/15


L'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) s'intéresse aux revenus d'activité des médecins libéraux récemment installés, plus souvent chirurgiens que généralistes. Les installations récentes correspondent souvent à des contrats d’exercice libéral signés par les praticiens des établissements publics de santé.

Dans une étude (1) publiée ce 11 février consacrée aux revenus des indépendants, l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) s'intéresse en particulier aux revenus des médecins libéraux récemment installés (télécharger l'étude ci-contre). Leur situation contraste à vrai dire avec celle de leurs aînés. Selon ces travaux qui se basent sur les déclarations de 2011 (2), 110 000 médecins ont perçu des honoraires provenant d'une activité libérale cette année-là sur un total de 210 000 médecins recensés en France métropolitaine. "À côté de leur activité libérale, une part importante d’entre eux exercent une activité salariée complémentaire", écrivent les auteurs de cette étude, Anne Pla et Fanny Mikol.


Parmi ces 110 000 médecins libéraux recensés en 2011, 57 000 (soit 52%) sont des omnipraticiens et 52 000 des spécialistes, dont les plus nombreux sont les chirurgiens, les psychiatres et les radiologues. 27% des généralistes et 44% des spécialistes exercent une activité salariée complémentaire. "En dehors des anesthésistes qui sont peu nombreux à percevoir un salaire en plus de leur activité libérale (16%), la part des spécialistes ayant une activité "mixte" varie de un sur trois chez les radiologues, dermatologues ou ophtalmologues, à deux sur trois pour les ORL et les pneumologues, observe l'Insee. Cet exercice mixte peut aussi être le fait des praticiens qualifiés d’hospitaliers à temps plein avec secteur privé, qui représentent 7% de l’ensemble des spécialistes libéraux."



L'Insee note encore que le revenu salarié ne représente en moyenne qu’une faible part du revenu global d’activité : moins de 5% pour les omnipraticiens, soit 3 900 euros, et 11% pour les spécialistes (soit 15 300 euros), avec un maximum de 16% pour les pneumologues. "Sur les seuls médecins exerçant effectivement une activité mixte, le salaire moyen atteint 34 650 euros pour les spécialistes (27% du revenu d’activité total de ces spécialistes), avec un maximum de 57 000 euros pour les chirurgiens", précise l'étude. Un quart de l’ensemble des médecins libéraux exercent en secteur 2 et 41% pour les seuls spécialistes.

Plus souvent chirurgiens que généralistes


Au total, en 2011, 11 500 médecins sont installés depuis moins de cinq ans. Ces jeunes médecins ont perçu en moyenne 108 500 euros, soit 2,3% de plus que l’ensemble des médecins. "Les jeunes généralistes déclarent en moyenne des revenus de 69 900 euros, inférieurs de 15% à ceux de l’ensemble des généralistes, tandis que les revenus des jeunes spécialistes sont supérieurs de 6% à ceux de l’ensemble des spécialistes", compare l'Insee. Les professionnels récemment installés sont plus souvent chirurgiens ou anesthésistes et moins souvent généralistes. En effet, moins de la moitié d'entre eux sont des omnipraticiens (46%), contre 52% pour l'ensemble des médecins. Parmi les jeunes généralistes, les femmes sont désormais majoritaires.


Les jeunes généralistes dénoncent les écarts de revenus entre médecins

Le Syndicat national des jeunes médecins généralistes (SNJMG) relève dans l'étude de l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) les écarts de revenus entre les omnipraticiens et les autres spécialistes. "La rémunération d’un nouvel installé en médecine générale est aujourd’hui moitié moindre (69 940€ par an) que celle de ses confrères des autres spécialités (141 970€ en moyenne)", dénonce le syndicat dans un communiqué, ce 12 février. Il ajoute : "Dix ans après la reconnaissance de la médecine générale comme une spécialité à part entière, cette criante discrimination est devenue insupportable pour les jeunes généralistes." Pour le SNJMG, il ne faut pas s'étonner par conséquent "de la désaffection des jeunes médecins vis-à-vis de l’installation en médecine générale".


Ensuite, les jeunes sont beaucoup plus nombreux que leurs aînés à s’installer en secteur 2, quelle que soit la spécialité. "Six spécialistes sur dix se sont installés ces dernières années dans le secteur à honoraires libres, alors qu’au total, en 2011, ce secteur concerne quatre spécialistes sur dix", d'après l'Insee. "Les jeunes ORL, chirurgiens, gynécologues ou ophtalmologues ont en particulier choisi plus de huit fois sur dix ce secteur. Seuls les radiologues, les pneumologues et les cardiologues s’installent encore aujourd’hui plus fréquemment en secteur 1 qu’en secteur 2", précise-t-elle. À noter encore que les jeunes médecins exercent plus fréquemment que leurs aînés une activité salariée en plus de leur activité libérale. Les spécialistes installés depuis cinq ans ou moins en 2011 sont 53% à exercer une activité mixte, contre 44% toutes anciennetés confondues. 



"De fait, les installations récentes en secteur libéral correspondent souvent à des contrats d’exercice libéral signés par les praticiens des établissements publics de santé, analyse l'Insee. Ainsi, les praticiens hospitaliers à temps plein avec secteur privé représentent, en 2011, 17% des jeunes spécialistes ayant une activité libérale et installés depuis cinq ans ou moins, contre 7% de l’ensemble des spécialistes ayant une activité libérale." Les auteurs précisent que cette "part varie selon la spécialité : elle ne représente que 2% des jeunes psychiatres mais 27% des cardiologues et 29% des chirurgiens". Pour ces jeunes spécialistes hospitaliers, "le salaire représente en moyenne deux tiers de leur revenu d’activité global". Il ne faut pas non plus oublier que "l’âge à l’installation des médecins libéraux est de plus en plus tardif, en particulier pour les spécialistes".

L'analyse des revenus des radiologues demande une méthodologie spécifique, selon la FNMR

Dans un communiqué ce 13 février, la Fédération nationale de médecins radiologues (FNMR) regrette que "la radiologie n'ait pas fait l'objet d'un traitement plus spécifique justifié par les caractéristiques de cette spécialité". Elle note que cette étude se base sur des revenus de 2011. Or, ceux-ci ont baissé depuis, selon elle. La Fédération remarque encore que l'étude ne prend pas en compte le temps de travail ou que les radiologues libéraux financent "l'intégralité de leurs équipements (scanner et IRM compris), les salaires des personnels, les loyers, etc.) sur leurs fonds propres". Elle conclut : "Leurs conditions d'exercice de la radiologie justifient une méthodologie spécifique pour l'analyse des revenus et des charges de la spécialité. C'est ce que la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) envisage en lançant cette année une étude sur ce point."
Sandra Jégu
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(1) Emploi et revenus des indépendants, Insee références, édition 2015.
(2) Compte tenu des délais de déclaration puis de traitement et d’expertise des données individuelles, l’année de référence des statistiques présentées dans cette édition est 2011.

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