La Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (Fnesi) s'appuie sur les résultats d'une enquête, qui a recueilli plus de 3 000 réponses, pour exiger une réforme de la gouvernance des instituts de formation qui accorde plus de place à l'étudiant. Elle demande également davantage de moyens pour les tuteurs de stage.
C'est l'un des chevaux de bataille de la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (Fnesi) : la réforme de la gouvernance des instituts de formation paramédicaux. La Fnesi appelle à "placer l'étudiant au centre de sa formation", l'objectif étant de "former des professionnels responsables, autonomes et réflexifs". Lors des manifestations de mars 2014, la Fnesi indiquait avoir reçu l'assurance du Gouvernement que les étudiants seraient à l'avenir davantage entendus dans les instituts (lire ci-contre). "En novembre dernier, alors qu’aucune avancée notable n’avait été effectuée, la ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes, intervenant dans une allocution audiovisuelle lors du 14e congrès de la Fnesi, s’était une nouvelle fois engagée à une réforme de la gouvernance des instituts de formation paramédicaux “qui devrait s’inspirer du modèle de démocratie présent dans les universités”", rapporte-t-elle. Dans l'espoir d'accélérer cette réforme, la Fédération rend publics, ce 17 février, les résultats de son enquête intitulée "Je veux que ma voix compte". "Force est de constater que l’étudiant n’est pas encore écouté et entendu dans un bon nombre d’instituts de formation en soins infirmiers (Ifsi), déplore-t-elle. La place laissée à la représentation étudiante dans les Ifsi est au bon vouloir d’une direction calquée sur une gouvernance hospitalière, où le seul décisionnaire reste le directeur."
Méthodologie de l'enquête
Cette enquête a été réalisée en ligne du 17 novembre au 12 décembre 2014. Au total, 3 522 réponses, dont 688 contenaient des témoignages, ont été reçues. 3 486 réponses ont été considérées comme exploitables après élimination des doublons notamment. Sur ces 3 486 répondants, 3 247 se sont déclarés "étudiants en soins infirmiers" et 35 "anciens étudiants infirmiers ayant arrêté leur formation". Seules ces 3 282 réponses ont finalement été prises en compte.Une violence qui prend des formes diverses
Il ressort que "44,61% des étudiants sont d’accord avec l’affirmation “la formation est vécue comme violente dans la relation avec les équipes encadrantes”", indique la Fnesi. "Ce constat est d’autant plus alarmant concernant la relation aux équipes encadrantes en stage : les étudiants sont cette fois une large majorité (85,39%) à la qualifier de violente", ajoute-t-elle. Cette violence prend différentes formes selon les étudiants : défaut d'encadrement ; jugement et rejet ; harcèlement. 7% des sondés disent avoir connu une situation de harcèlement. "L’une de mes deux tutrices se montrait souvent odieuse avec moi et j’ai surpris des moqueries dans mon dos à plusieurs reprises, témoigne l'un des répondants. Victime de mépris et d’injustice en stage pour la première fois, je pense sérieusement à mettre un terme à ma formation à six mois du diplôme.” D'après l'enquête, "41% des étudiants pensent “parfois” et “régulièrement” à arrêter leur formation". La Fnesi précise : "Les “pressions en stage” arrivent en tête des motifs qui poussent les étudiants à arrêter leur formation (29%)."
Autres pourcentages avancés par la Fédération : 12% des étudiants peuvent témoigner de cas de suicides dans leur Ifsi et 7% des étudiants (9% chez les étudiants en 3e année) ont pensé à mettre fin à leurs jours durant leur formation. Le chiffre atteint les 11% chez les 23-25 ans. "Si de nombreux témoignages incriminent directement les équipes soignantes, il existe des causes plus systémiques aux problèmes d’encadrement (...)", analyse la Fnesi. Elle estime que les professionnels n'ont pas les moyens suffisants pour encadrer les étudiants. "L’encadrement du stagiaire doit être pensé et cadré : il doit faire l’objet d’une réflexion au sein des services et des directions des soins", écrit-elle dans le dossier de presse de présentation de l'enquête. La Fnesi pose également une nouvelle fois la question de la formation des tuteurs de stage. 71,15% des étudiants interrogés affirment que leurs bilans de stages ne sont pas systématiquement remplis en leur présence. "La plupart des CH se sont saisis de cette problématique et proposent des formations aux tuteurs, en lien avec les Ifsi, mais les contenus et les volumes horaires diffèrent, créant des disparités non négligeables", remarque-t-elle. 39,61% des sondés disent sinon ne pas pouvoir s’exprimer librement dans leur Ifsi et 39,9% pensent que le fonctionnement de leur Ifsi n’est pas démocratique.
Le modèle de la Fnesi : l'université
Si des représentants des étudiants siègent bien dans les conseils des Ifsi, "en pratique, le rôle et la place des élus (...) dans la gouvernance des instituts de formation paramédicaux ne sont pas reconnus ni dans le fond ni dans la forme", considère la Fnesi qui prend pour modèle le "réel partenariat" qui existe à l'université avec l'étudiant. "Les conseils sont tous décisionnels et les étudiants agissent sur tout ce qui touche de près ou de loin à la vie de l’université, du budget aux effectifs, des modalités de contrôle de connaissance à la pédagogie", écrit-elle. Et de conclure : "Une réforme de la gouvernance sur un modèle universitaire permettra aux étudiants de devenir réellement acteurs de leur formation, en agissant sur l’ensemble du fonctionnement de leur institut dans une véritable logique d’empowerment de la profession."
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire