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lundi 16 septembre 2013

LIBERTÉ D'EXPRESSION: 1 - JACQUES-ALAIN MILLER: ZÉRO

 |  PAR SILVAGNI

Miller vient d'être débouté et condamné par un jugement du TGI de Nanterre le 11 septembre dans le procès qu'il avait intenté contre Elisabeth Roudinesco, Henri Roudier, Philippe Grauer, ainsi que la SIHPP et le Cifpr. Il leur reprochait de l'avoir diffamé à l'occasion de la pétition lancée par ses soins et très largement signée par le Tout-Paris en faveur d'une psychanalyste iranienne supposément en péril.
Les commentaires ironiques et sévères émis par les trois prévenus dans les sites web des deux sociétés poursuivies, qui s'étonnaient que tant de personnalités aient pu être ainsi conduites à signer une pétition basée sur des faits présentés de façon pour le moins discutable par le sérénissime JAM, avaient outré ce dernier. Estimant son honneur et sa réputation bafouée, Miller avait préféré aller en justice que s'expliquer avec ses contradicteurs. 
C'est d'ailleurs bien ce que le TGI de Nanterre souligne dans son jugement en invoquant la Convention Européenne de sauvegarde des droits de l'homme, et dont le délibéré mérite d'être cité largement :

"De plus, la liberté d’expression ne peut être soumise à des ingérences que dans les cas où celles-ci constituent des mesures nécessaires au regard du paragraphe 2 de l’article 10 précité de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales.En l’espèce, l’article incriminé traite d’un sujet que le demandeur, personnage public du fait de ses interventions et publications, l’exposant à une légitime critique, a lui même rendu médiatique par la publicité donnée à l’internement de Madame Mitra Kadivar et à l’action menée pour obtenir sa libération, à l’occasion de la publication du recueil de correspondances quelques jours plus tôt et de la diffusion de la pétition pour la libération de la psychanalyste iranienne, signée par de nombreuses personnalités d’horizons et de sensibilités différents.S’appuyant sur le recueil publié dont ils se font la critique personnelle, les propos incriminés, qui s’inscrivent dans la suite d’un affrontement intellectuel, agrémentés de commentaires critiques qui relèvent de la simple expression d’opinion, fût elle polémique, et rédigés sur le registre de la provocation et le sarcasme, ne dépassent pas les limites admissibles de la liberté d’expression.""
Le fait est désormais public que pour le TGI de Nanterre, toute l'affaire est bien un procès de Miller contre la liberté de débat et la liberté d'expression qui sont le fondement même de la démocratie.
C'est d'ailleurs bien ce que les avocats des défendeurs Maître Bigot et  Maître Streiff avaient plaidé avec talent, ce dernier insistant avec une force particulière sur le courage de citoyens qui à l'exemple de Philippe Grauer, expriment librement et courageusement leurs idées et leurs critiques, malgré les menaces que font peser de plus en plus souvent des procès abusifs et attentatoires aux droits des citoyens.
Et le fait est que les exemples récents ne manquent pas qui voient des puissants de ce monde, comme ici le riche Miller,  recourir à des procès de ce type pour tenter de baillonner leurs opposants: au prix d'un détournement et d'une instrumentalisation de la Justice, sinon juridiquement, au moins dans le calcul qui préside à ces poursuites. En effet, ces poursuites dont le coùt reste négligeable pour des milliardaires restent ruineuses pour ceux qui sont poursuivis, même lorsque le Tribunal leur donne raison. Quant aux vraies motivations des poursuites, il faut se référer aux sommes exhorbitantes demandées en réparation pour bien en mesurer la vraie et triste nature.  Pour le coup, la crainte légitime de ces pertes de temps d'argent - sans parler de la juste indignation d'honnètes gens d'être ainsi trainés devant un Tribunal en qualité de "prévenus" - joue plus souvent qu'on ne le pense en faveur d'une auto-censure.
C'est bien ce qu'espère une petite camarilla bien connue de potentats outrecuidants que leur richesse et leurs relations haut placées dans les médias comme dans les palais républicains conduit à se croire tout permis.
Au prix parfois d'un coup d'arrêt cuisant et  humiliant comme celui reçu à Nanterre par Jacques-Alain Miller.

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