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mercredi 18 septembre 2013

Condamné, le militant anti IVG Xavier Dor promet "d'autres actions"

Le Monde.fr | Par 
Le dos est voûté, mais l'expression est franche. Avant l'arrivée des trois magistrats qui doivent prononcer son jugement, Xavier Dor, ancien pédiatre de 84 ans, opposant notoire au droit à l'avortement, regarde les bancs du public de la 31e chambre du TGI de Paris. "A-t-on quelques amis ici ?", demande-t-il avec le sourire de celui qui connaît la réponse. Environ cinq ou six "oui" timides lui répondent. "C'est parfait", lance-t-il, l'air satisfait.
Quelques minutes plus tard, Xavier Dor est condamné à 10 000 euros d'amende pour "délit d'entrave à l'interruption volontaire de grossesse (IVG)" lorsqu'il avait fait irruption, les 25 et 26 juin 2012, dans un centre du planning familial à Paris. Le parquet avait requis, fin juin, 8 000 euros d'amende et un mois de prison avec sursis, en insistant sur "la pression morale et psychologique" et "les actes d'intimidation" que le prévenu avait fait subir aux patientes.
La condamnation est finalement plus lourde. En revanche, Xavier Dor a été relaxé par le tribunal correctionnel pour une manifestation anti-IVG devant l'hôpital Saint-Vincent-de-Paul de Paris, en avril 2011, pour laquelle l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris s'était portée civile.
Pour Me Isabelle Thieuleux, avocate de la Coordination des associations pour le droit à l'avortement et à la contraception (Cadac), association qui s'était constituée partie civile, ce jugement en demi-teinte n'est pas une surprise. "Il y a une vraie difficulté juridique à faire reconnaître le délit d'entrave à l'IVG lorsqu'il s'agit d'actions menées à l'extérieur des centres. En revanche, dès lors que l'action est menée à l'intérieur, le délit est constitué."
"D'UNE VIOLENCE INOUÏE"
Lorsqu'il avait fait irruption au planning familial en 2012, le fondateur et président depuis 1986 de l'association SOS Tout-petits avait pris à partie des patientes, remettant à l'une d'elles des chaussons tricotés et une médaille représentant la vierge Marie. Lors de l'audience en juin, une cadre commerciale de 42 ans avait décrit devant le tribunal son sentiment de "culpabilité" après cette intrusion. "Il était d'une violence inouïe."
Satisfaites de sa condamnation, les associations de défense du droit à l'avortement se sont dites "déçues du faible montant de l'amende au vu des ressources financières dont disposent les réseaux anti-IVG", a résumé Me Thieuleux. "Surtout, il est inacceptable que M. Dor ait annoncé, avant même le début du procès, qu'il mènerait d'autres actions, donnant un calendrier précis", a dénoncé Maya Surduts, militante de la Cadac.
De fait, à peine sorti de la chambre où sa condamnation venait d'être prononcée, Xavier Dor donnait "rendez-vous pour d'autres actions"."Nous irons à l'hôpital Tenon et à la maternité Port-Royal", a-t-il garanti, ses avocats ne se prononçant pas encore sur un éventuel appel.
DES MÉTHODES REVUES, PAS LE DISCOURS
S'il se dit aujourd'hui "pacifique", Xavier Dor a mené un grand nombre d'actions coup de poing. A la fin des années 1980, début des années 1990, il s'était fait une spécialité des opérations commandos dans des blocs opératoires. Des actions violentes, qui lui ont valu une dizaine de condamnations déjà, dont certaines à de la prison ferme. Il avait même demandé, en vain, l'asile politique au Vatican en 1997 pour échapper à une incarcération.

La création d'un "délit d'entrave à l'IVG" en 1993 l'a toutefois contraint à revoir ses méthodes, mais pas son discours, toujours aussi virulent : distribution de flyers à l'entrée de centres IVG, manifestation avec pancartes exhibant des fœtus ensanglantés, etc. Convaincu du bien-fondé de ses actions, Xavier Dor qualifie l'IVG de "crime""Une loi est criminelle quand elle permet de tuer un enfant", a-t-il martelé devant  les juges de la 31chambre du TGI de Paris.

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