La crise affecte surtout le moral des hommes
Publié le 26/10/2012
Le 15 septembre 2008 à New York, la banque d’affaires américaine Lehman Brothers se déclarait en faillite, entraînant dans son effondrement toutes les bourses mondiales. La crise et la récession économiques qui ont suivi pourraient bien avoir des conséquences sur la santé des populations concernées.
C’est ce que l’on peut déduire d’une étude réalisée au Royaume-Uni. Les auteurs ont analysé les données d’un registre national de surveillance, en isolant celles recueillies entre 1991 et 2010 concernant les adultes entre 25 et 64 ans. La recherche était ciblée sur la réponse aux questionnaires évaluant la santé mentale.
Les chiffres sont révélateurs. Le nombre de participants s’estimant en mauvaise santé mentale connaît une augmentation significative, passant de 13,7 % (intervalle de confiance à 95% : 12,9 % à 14,5 %) en 2008 à 16,4 % (14,9 % à 17,9 %) en 2009 pour s’infléchir légèrement en 2010 (14,4 % ; 14,4 % à 16,7 %). Cette augmentation touche particulièrement les hommes, car si les femmes se considèrent plus souvent en mauvaise santé mentale, leur état ne semble pas connaître d’aggravation récente, alors que la prévalence des hommes « déprimés » augmente de 5,1 % en 2009 et de 3 % en 2010.
Cette aggravation se retrouve autant chez les personnes au chômage que chez celles ayant un emploi et ne serait donc pas selon les auteurs liée directement à la perte d’emploi. Elle n’est pas non plus prépondérante dans les foyers dont le revenu a baissé depuis 2008. Une étude transversale de cette nature n’autorise pas à établir un lien direct de causalité et d’autres facteurs pourraient être responsables des variations constatées. Elle apporte toutefois un éclairage intéressant et alerte sur l’utilité d’interroger les patients sur leur moral, sans préjugé de type socio-économique et sans négliger ceux qui ont un emploi.
Dr Roseline Péluchon
Katikireddi SV et coll. : Trends in population mental health before and after the 2008 recession: a repeat cross-sectional analysis of the 1991–2010 Health Surveys of England BMJOpen 2012; 2:e001790.doi:10.1136.
http://bmjopen.bmj.com/content/2/5/e001790.full.pdf+html
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