DSM : mais quid de l’hystérie ?
Publié le 02/11/2012
C’est un euphémisme de dire que la nosographie actuelle en psychiatrie n’a qu’un lointain rapport avec celle d’autrefois, et que Freud ou Janet –s’ils ressuscitaient– ne reconnaîtraient guère leurs concepts, dans les grilles du DSM et de la CIM ! Par exemple, rappelle l’éditorialiste du British Journal of Psychiatry, « l’usage traditionnel du terme ‘‘hystérie’’ –basé sur la théorie discréditée de ‘‘l’utérus vagabond’’[1]– a fait place au ‘‘trouble de conversion’’ (conversion disorder). »
Les psychiatres formés à l’aune du DSM et de la CIM parlent ainsi de « trouble somatoforme » et de « personnalité histrionique », mais les références théoriques à « l’hystérie de papa » (ou de maman) semblent bien inconsistantes… Et quelles que soient les autres dénominations proposées pour remplacer la classique hystérie (trouble de conversion, trouble neurologique fonctionnel…), aucune ne semble pouvoir aussi bien assurer le « cahier des charges » de cette entité que l’ancien terme ‘‘hystérie’’ lui-même !
En pratique, constate l’auteur, les sujets souffrant d’« hystérie/trouble de conversion » peuvent errer entre neurologues et psychiatres (sans parler des autres spécialistes), chaque praticien usant de la terminologie propre à sa discipline. Mais même des notions apparemment communes (comme celle de « pathologie fonctionnelle ») peuvent revêtir des significations plus ou moins différentes, bien qu’elles gravitent autour de l’idée de non-organicité des troubles. De la sorte, « de nombreux patients se situent entre deux disciplines » (psychiatrie et neurologie) « en n’y trouvant qu’une plus grande confusion conceptuelle et terminologique. »
L’auteur plaide donc pour une « approche interdisciplinaire » qui permettrait de « convenir de principes communs » et d’adopter une « terminologie identique » comprenant notamment « l’acceptation du patient. » Est-ce là une allusion au rejet des sujets « fonctionnels » par certains praticiens ? Et malgré une « apparente perte de confiance dans les théories psychologiques », conclut l’auteur, il ne serait « pas avisé d’abandonner » (ce thème des troubles de conversion) « jusqu’à une compréhension mutuelle et un accord » obtenus entre neurologie et psychiatrie.
[1]http://www.memoireonline.com/06/07/507/m_maladie-sacree-parthenoi-medecine-grecque-classique38.html
Dr Alain Cohen
Reynolds EH : Hysteria, conversion and functional disorders: a neurological contribution to classification issues. Br J Psychiatry, 2012; 201: 253–254.
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