Publié le 31/10/2012
Certains travaux (comme la célèbre étude épidémiologique CATIE [1] aux États-Unis) ont déjà mis en évidence une vulnérabilité particulière des schizophrènes pour le « syndrome métabolique » [2], relatif aux facteurs de risque classiques en matière de troubles métaboliques et cardiovasculaires (obésité, hyperlipidémie, diabète, hypertension artérielle), aggravés par certains facteurs imputables à un « style de vie » également néfaste (sédentarité, tabagisme, intempérance). Une recherche australienne met à nouveau en exergue « l’importance de la santé physique chez les psychotiques», sans limiter son propos (comme l’étude CATIE) aux seuls schizophrènes, mais en l’élargissant à « toute forme de trouble psychotique » dans une population comportant 1 087 hommes (60 %) et 738 femmes (40 %), âgés en moyenne de 38,36 ans (déviation standard : 11,16 ans).
Les résultats confirment la prévalence du syndrome métabolique chez les sujets psychotiques :
–Les trois quarts de ces patients sont « en surpoids ou obèses » (un phénomène majoré par l’incidence péjorative de certains médicaments et de la sédentarité sur la surcharge pondérale) et, parmi ceux-ci, « 82 % ont une obésité abdominale. »
–Près de la moitié sont hypertendus.
–81 % ont des antécédents de tabagisme, et les deux tiers continuent à fumer (une addiction d’autant plus difficile à maîtriser que la cigarette passe souvent pour un pseudo-traitement « sédatif » dans une population fragilisée par sa psychopathologie).
–La pratique d’une activité physique reste en général « à un niveau très faible. »
–Pour 20 % des intéressés, on a déjà formulé un diagnostic d’ « hyperglycémie ou de diabète. »
–Presque autant (18 %) ont « une maladie cardiovasculaire », et près de 30 % « une hypertension ou une hypercholestérolémie» connue(s). Mais seulement « la moitié des patients avec HTA » et « 40 % de ceux avec hypercholestérolémie ou hyperglycémie » reçoivent un traitement pour corriger ce(s) trouble(s).
En définitive, la recherche systématique d’un syndrome métabolique dans cette population (par des analyses de prélèvements sanguins) montre que « plus de la moitié des sujets » (54,8 %) sont concernés. Cette étude éclaire ainsi « un certain nombre de cibles évidentes », en matière de prévention et de traitement, pour réduire la surmorbidité et la surmortalité trop souvent déplorées chez les psychotiques : il faut combattre davantage les facteurs du risque métabolique (hyperlipidémie, hyperglycémie, hypertension) par des moyens hygiéno-diététiques ou/et médicamenteux (en favorisant les molécules ayant un moindre impact sur la surcharge pondérale). Et –ce qui s’avère sans doute le défi le plus difficile, en particulier chez ces patients– on doit s’efforcer de modifier des habitudes de vie nocives : sédentarité, écarts diététiques, tabagisme…
[1] Clinical Antipsychotic Trials of Intervention Effectiveness (Essais cliniques sur l’efficacité des traitements antipsychotiques). Ses premiers résultats furent publiés en 2005 dans The New England Journal of Medicine.
Dr Alain Cohen
Galletly CA et coll. : Cardiometabolic risk factors in people with psychotic disorders: the second Australian national survey of psychosis. Australian & New Zealand Journal of Psychiatry 2012 ; 46 : 753–761.
|
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire