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samedi 25 novembre 2023

Parents d’enfants souffrant de RGO : offrez-vous un peu d’autocompassion

Publié le 21/11/2023

Le reflux gastro-œsophagien (RGO) est défini par la remontée d’une partie du contenu gastrique dans l’œsophage, avec ou sans extériorisation. Il est un motif fréquent de consultations en soins primaires. Il est dans la majorité des cas physiologique avant l’âge de la marche mais peut, par son abondance ou ses complications, devenir pathologique (en anglais GORD : GastrOesophageal Reflux Disease).

Dans ce cas, les régurgitations sont fréquentes survenant à tout moment de la journée, y compris pendant le sommeil. Elles sont associées à des pleurs inexpliqués excessifs, une irritabilité, des refus répétés de s’alimenter voire une anorexie, et des troubles du sommeil. Ce GORD peut entrainer des complications digestives, extra-digestives respiratoires ou ORL. (1)

Ces symptômes ont le potentiel d’altérer de façon négative la santé mentale des parents, d’autant plus qu’ils apparaissent dans les premiers mois de vie, une période où les parents sont particulièrement vulnérables sur le plan psychologique. Dans ce contexte, une récente étude britannique (2) visait à estimer la prévalence des difficultés psychologiques chez les parents d'un enfant atteint de reflux gastro-œsophagien pathologique (GORD) et à identifier les facteurs prédictifs de l'anxiété, de la dépression et du bien-être des parents. Ceci dans le but d’élaborer des interventions ultérieures et améliorer la qualité de vie de la famille.

Evaluer la santé mentale des parents

Les 309 parents, des femmes pour la très grande majorité (99,2 %), ont été recrutés à partir de groupes Facebook dédiés à cette pathologie infantile. Les enfants concernés étaient âgés de 3 à 12 mois et ont reçu un diagnostic de RGO pathologique par un médecin généraliste ou un pédiatre avec un traitement en cours. Les parents ont complété des auto-questionnaires psychométriques validés et qui permettaient d’évaluer : (i) les prédicteurs potentiels de l’état psychologique des parents (autocompassion, évaluation de la maladie et incertitude autour de la maladie) ; (ii) les facteurs confondants (qualité du sommeil, satisfaction de la relation, soutien social et satisfaction de l'alimentation du nourrisson) ; (iii) la santé mentale (anxiété, dépression et bien-être). Ces critères ont été évalués à l’inclusion, puis 8 semaines plus tard (n = 103).

A la première évaluation, 66 % des participants dépassaient le seuil clinique pour les troubles anxieux généralisés et 63 % dépassaient celui des troubles dépressifs. Ces deux types de troubles ont diminué de manière significative à la seconde évaluation. Une plus grande autocompassion (définie par la bienveillance envers soi, le sentiment d'humanité commune et la pleine conscience) a permis de prédire une baisse de l'anxiété et de la dépression, ainsi qu'un meilleur bien-être, dans les données transversales et longitudinales, y compris lorsque tous les facteurs confondants ont été pris en compte. Aucune différence significative n'a été constatée entre les parents d'enfants atteints de RGO pathologique silencieux versus régurgitation visible.

Dans cette étude qui a majoritairement concerné des femmes d’origine caucasiennes basées en Grande Bretagne, l'autocompassion semble être un prédicteur constant d'une meilleure santé mentale et s'avère prometteuse en tant que cible d'intervention dans la population étudiée. Rappelons à cette occasion que la prise en charge du RGO pathologique passe dans la majorité des cas par la réassurance parentale et des mesures hygiéno-diététiques en première intention avec un recours limité aux traitements pharmacologiques. (1)

Dr Dounia Hamdi

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