Publié le 17/11/2023
La sensibilité parentale se caractérise par des comportements parentaux observables dans l'interaction avec leurs enfants, tels que des réactions fréquentes, chaleureuses et rapides aux signaux des enfants. Elle facilite un attachement sécurisé et agit comme un facteur de protection contre les troubles du développement et du comportement chez les nourrissons, en particulier prématurés.
Une amélioration de l'interaction mère-enfant à 6 mois a été récemment rapportée chez les nourrissons prématurés qui ont eu un contact peau-à-peau en salle d'accouchement pendant 1 h par rapport aux prématurés bénéficiant uniquement d’un contact visuel avec leur mère. Cependant, cette amélioration n’a pas été évaluée par rapport à la qualité de l’interaction entre les nourrissons nés à terme et leurs mères.
Peau-à-peau à la naissance versus contact visuel
Dans une étude menée à Cologne (Allemagne), 88 mères ayant accouché prématurément ont été randomisées pour soit avoir un contact visuel pendant 5 minutes avec leur bébé, soit bénéficier d’un peau-à-peau de 60 minutes, immédiatement après stabilisation thermique et cardio-respiratoire, pose d’une CPAP, d’une voie périphérique et d’une sonde gastrique. Ces bébés et leurs mères ont été revus à 6 mois d’âge corrigé et leurs interactions comparées lors d’un changement de couche, filmé pour être ensuite plus finement analysé.
Les interactions de ces 2 groupes mère-bébé ont également été comparées, dans la même situation, avec 78 dyades mères-bébés nés à terme (âge gestationnel médian de 40 ± 1 SA), ayant bénéficié d’un peau-à-peau immédiat à la naissance d’une durée médiane de 150 minutes.
Les bébés prématurés placés en peau-à-peau avaient un poids de naissance médian de 1 250 g, un âge gestationnel médian de 29 SA (25 SA à 32 SA), avaient reçu une corticothérapie anténatale pour 85 % d’entre eux et 77 % étaient nés par césarienne. Les deux groupes de nouveau-nés prématurés (peau-à-peau et contact visuel) étaient homogènes pour toutes les variables, y compris les complications à court terme et aucun incident n’a été rapporté.
Dans le groupe d’enfant nés à terme, 37 % étaient nés par césarienne et 17 % par voie basse assistée ; 90 % des mères avaient un niveau académique élevé. Les interactions mère-bébé lors du changement de couche ont été analysées en aveugle des groupes d’origine par un observateur entrainé à l’utilisation du score de Mannheim (Esser 1989), outil d’observation des comportements maternel (8 items) et infantile (5 items). Cette analyse visuelle a été complétée par un traitement informatisé (INTERACT, Mangold 1998).
Les pratiques en salle de naissance ont un impact à long terme sur les interactions mère-enfant
A 6 mois d’âge corrigé, la comparaison de la qualité des interactions entre les mères et leurs bébés nés prématurés ayant bénéficié d’un peau-à-peau en salle de naissance n’a montré aucune différence significative avec celle des interactions entre les mères et leurs bébés nés à terme. Les interactions étaient de moins bonne qualité, quand mères et bébés avaient seulement pu échanger un long contact visuel à la naissance (p<0,001).
Ces résultats constituent une preuve supplémentaire que le peau-à-peau dès la naissance est déterminant dans le processus d’attachement même en cas de naissance très prématurée, et que la qualité des interactions ultérieures n’est pas affectée par les soins très techniques prodigués au bébé, dès lors que sa mère a pu le porter en peau à peau dès la salle de naissance.
Laurence Girard, IPDE
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