Par Catherine Pacary Publié le 20 avril 2023
Dans un documentaire sensible, où ses proches témoignent pour la première fois, celui qui est devenu chroniqueur aux « Grosses Têtes », sur RTL, se confie sur son combat quotidien contre lui-même pour vivre en société.
RMC STORY – JEUDI 20 AVRIL À 21 H 10 – DOCUMENTAIRE
Certains téléspectateurs l’ont découvert le 29 avril 2019, lors de sa première participation aux « 12 Coups de midi », jeu animé par Jean-Luc Reichmann, sur TF1. Ce jour-là, Paul El Kharrat, 19 ans, se présente : « Je suis Asperger. C’est un syndrome autistique qui ne touche pas les capacités cognitives, même si, dans la vie de tous les jours, c’est un peu compliqué. Mais ça va. » Il va enchaîner 152 victoires, avant d’être repéré par Laurent Ruquier et d’intégrer son équipe des « Grosses Têtes », sur RTL.
Cette ascension n’est rien en comparaison de ce que Paul El Kharrat appelle « ma 153e victoire » (titre de son livre paru chez HarperCollins en 2020), à savoir son combat quotidien, depuis l’enfance, contre lui-même pour vivre en société, ne pas tomber dans la dépression et mieux faire connaître le syndrome Asperger, qui « n’est pas une maladie mais un dysfonctionnement », précise le professeur David Da Fonseca dans le documentaire de Gwendoline Chesnais. C’est ce que donne à voir ce film extrêmement sensible, à l’aide d’images personnelles, d’archives et, surtout, de multiples entretiens avec l’entourage de Paul El Kharrat.
Une volonté impressionnante
Sa grand-mère est la première à détecter des signaux chez l’enfant de 3 ans. A Grenoble, l’infirmière de son lycée se souvient : « Il a fait des efforts surhumains pour être présent. » Car, malgré sa mémoire, Paul El Kharrat n’est pas bon élève. Un jour, il s’emporte parce que sa professeure se trompe de deux ans sur la date de naissance de Sophocle. Il décroche toutefois le bac, entre en faculté d’histoire et postule aux « 12 Coups de midi ». C’est un déclic. Y compris pour son père, Ali, qui découvre son fils « en même temps que le public ». Pour la première fois, « il est admiré pour son savoir », souligne sa mère, Sophie, même si ce nouveau mode de vie est pour lui éprouvant.
Mais le jeune homme a une volonté impressionnante et un entourage bienveillant. Ainsi, on ne fera pas dire à son frère, Samih Ange, que sa mère s’est moins occupée de lui que de son aîné ; pas plus qu’à sa sœur, Louise, plus discrète.
Dans sa chambre, Paul El Kharrat empile les « objets transitionnels » et les bouquins. Il en lit une centaine par an, « pour [s]’échapper dans le rêve, dit-il, l’irréel, pour ne pas supporter la dureté du monde qui nous environne ». C’est aussi pour s’échapper qu’il fait des listes. « Certains ne comprendront pas, mais tant pis. »
« Paul a besoin d’apprendre pour occuper son cerveau en ébullition permanente », a constaté Anthony Quittot, l’un de ses deux agents. Il est aussi capable d’apprendre ce qui, en théorie, ne s’apprend pas, comme l’humour et le second degré. En revanche, il ne sait toujours pas mentir. Christine Bravo, également sociétaire des « Grosses Têtes », s’en amuse : « Si je lui demande si je suis belle, il me répond : “Ben non !” »
Paul El Kharrat, les victoires d’un autiste Asperger, de Gwendoline Chesnais (Fr., 2023, 85 min).
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