par Honorine Soto publié le 16 avril 2023 à 20h43
Aujourd’hui, les partenaires en charge de l’organisation travaillent main dans la main avec les associations : discussions et phases de tests avec les personnes en situation de handicap sont au programme. 500 jours, est-ce suffisant pour assurer l’accessibilité aux Jeux aux 350 000 visiteurs attendus en situation de handicap – hors habitants d’Ile-de-France ? «Je veux croire en la volonté de mettre une sorte de plan d’urgence pour réussir ces Jeux», espère Pascale Ribes.
Navettes et flotte de taxis
«3 % des stations du métro parisien [toutes les stations de la ligne 14, ndlr] sont accessibles aux utilisateurs de fauteuil roulant», rappelle Pascale Ribes. Un pourcentage qui dessert le réseau RATP si on le compare avec d’autres villes européennes : 18 % du métro londonien est accessible à tous et 82 % pour la ville de Barcelone. «Le métro parisien est un réseau historique centenaire qui rend l’accessibilité complexe. En revanche, toutes nos nouvelles stations des lignes 4 et 11 vont être 100 % accessibles», se défend la RATP. Au total, 32 stations de métro seront accessibles en 2024.
Si le métro n’est pas exemplaire, 100 % des gares RER A et B, 100 % du réseau de bus parisiens (et 86 % des bus de banlieue) ainsi que la totalité des tramways sont accessibles. Mais quelle est la définition de l’accessibilité ? APF France Handicap rappelle que lorsqu’une personne en fauteuil roulant souhaite prendre un RER, cela nécessite une aide humaine pour monter dans le train. Et qu’en est-il des personnes en situation de handicap sensoriel ? La RATP est formelle : «Tous nos agents sont formés à l’accueil des personnes en situation de handicap.»
Le comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojop) est également conscient que les transports en commun ne peuvent être la seule proposition pour les personnes en situation de handicap. Ainsi, IDF Mobilités compte proposer au moins 150 navettes et une flotte de 1 000 taxis parisiens pour 2024 (contre 200 aujourd’hui).
Concernant les gares et les aéroports – également pointés du doigt par les associations –, il est prévu l’installation de différents dispositifs (balises sonores, automates à interface vocale…). «L’accueil à Paris, en juillet prochain, des championnats du monde de para-athlétisme puis en octobre de la Coupe du monde de rugby en fauteuil permettront de mettre à l’essai les protocoles pour répondre à des pics d’affluence ponctuels», précise-t-on à la Cojop.
Atteindre 70 % d’accessibilité des voiries
«Aujourd’hui nous avons fait 50 à 60 % des travaux de la voirie afin de surélever les arrêts de bus pour permettre une accessibilité totale pour les personnes en situation de handicap», affirme Pierre Rabadan, adjoint à la mairie de Paris en charge du sport, des Jeux olympiques et paralympiques. L’objectif est d’atteindre au minimum les 70 % d’accessibilité.
Autre grand dossier pour la mairie de Paris : garantir l’accessibilité des zones d’approche, c’est-à-dire les zones entre un point A (transports en commun, parkings…) au point B (sites olympiques). «Ne connaissant pas encore définitivement les périmètres et zones de sécurité – délivrés par la préfecture –, nous ne pouvons pas encore travailler complètement sur l’aménagement de ces zones», rappelle l’élu. S’ils ont reçu une première version de ces zones fin 2022, ils attendent la version définitive qui devrait arriver avant l’été. Un délai suffisant pour installer le type de mobiliers nécessaires ? La Ville de Paris est confiante : «On sait que l’on va avancer à marche forcée mais nous nous y sommes préparés.»
Une place accompagnateur
«Nous avons réalisé des audits sur les sites avec des personnes en fauteuil roulant pour s’assurer que la ligne d’horizon est garantie. Si lors d’un but tout le monde se lève, il faut que ces personnes puissent continuer à voir», explique Ludivine Munos, ex-paralympienne en charge de l’intégration paralympique au Cojop.
Accéder et assister dignement aux Jeux certes, mais l’accès à la billetterie est aussi une étape pour les personnes en situation de handicap. «En partenariat avec les associations, nous avons fait en sorte que le site [internet de la billetterie, ndlr] soit accessible à tous», notamment aux personnes malvoyantes, précise l’ex-paralympienne. Au total, 200 000 billets ont été réservés aux personnes en situation de handicap (soit 2 % des 10 millions de billets mis en vente pour les JO). Ludivine Munos a également veillé à ce qu’une place accompagnateur soit systématiquement proposée lors de l’achat du billet.
Les associations inquiètes sur la question du logement
APF France Handicap souligne également le problème de l’hébergement. Selon la Ville de Paris, seules 3 450 chambres sont adaptées pour 4 000 à 5 000 personnes en fauteuil roulant attendues chaque jour. Si un audit large – mené par l’office de tourisme et des congrès de Paris – va permettre ce semestre de renforcer le détail de connaissance de l’accessibilité des établissements, les associations restent inquiètes.
L’accessibilité universelle sera-t-elle au rendez-vous ? Les acteurs qui pilotent le projet en sont certains, les associations le sont moins. «On ne sera pas au rendez-vous. On va faire au mieux ou plutôt faire le moins mal», pense Arnaud de Broca. «Aux pouvoirs publics de décider si ces Jeux 2024 feront la fierté de la France ou sa honte», estime Pascale Ribes. Le compte à rebours est lancé.
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